C'était un discours très attendu. Les 407 députés de l'Assemblée populaire nationale et les 148 sénateurs des deux chambres avaient fait le déplacement au Club Des Pins, station balnéaire située à 25 kilomètres à l'ouest d'Alger. C'est la première fois qu'un président algérien s'adresse aux deux chambres pour un discours sur l'état de nation depuis le président Houari Boumédiène (1965-1978) en 1977.
"Je témoigne de votre intégrité et du fait que vous représentez le premier parlement élu loin de l'argent sale." Les membres de ce parlement sont d'une "probité" exemplaire selon le président algérien.
Dès ses premiers mots le président Tebboune a mis en avant sa lutte contre la corruption au sein de l’État. Une corruption symbolisé selon lui par les dérives de l'ancienne administration sous la présidence d'Abdelaziz Bouteflika (1999-2019).
Le président Abdelmadjid Tebboune devant les sénateurs et députés.
Le président Tebboune voit dans la corruption l'une des raisons du déclenchement du mouvement pro-démocratie, le Hirak. "Notre vaillant peuple est sorti dans la rue en février 2019... avec la volonté de mettre fin à la crise grave qui a mis à l'époque les institutions de l’État à l'épreuve à cause de la dégradation de la gouvernance et de la propagation de la corruption", a décrit Abdelmadjid Tebboune. La lutte contre la corruption est l'une des réussite de ce premier mandat selon le président algérien.
Selon Transparency International, ONG chargée de mesurer la perception de la corruption dans la vie politique et dans les affaires la République populaire d'Algérie en 2022 était classée seulement 116ème pays le moins corrompu sur 180 pays.
Le président Abdelmadjid Tebboune, si il a évoqué les marches dans la rue des Algériens en 2019, n'est pas revenu sur les poursuites judiciaires dont sont victimes les défenseurs des droits humains. Une rapporteure de l'ONU, Mary Lawlor, avait appelé le 5 décembre dernier à Alger les autorités algériennes à libérer tous les défenseurs des droits humains emprisonnés, à l'issue d'une visite dans le pays.
Selon le Comité national pour la Libération des détenus (CNLD), des dizaines de personnes, en lien avec le mouvement pro-démocratie du Hirak ou la défense des libertés individuelles, sont encore emprisonnées en Algérie.
Lire : une rapporteure de l'ONU appelle à libérer les défenseurs des droits en Algérie
Le président algérien s'est ensuite dans son discours posé en rempart contre la "détérioration des conditions économiques et sociales". La montée des prix des hydrocarbures au lendemain du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine le 24 février 2022 a permis à l’État algérien de renflouer ses caisses. Les réserves de change de l'Algérie dépassent désormais les 65 milliards de dollars fin 2023 avec pour l'année 2022 un taux de croissance de l'économie de 4,2%.
Le montant des exportations des hydrocarbures (gaz et pétrole) représente 90 % du montant total des exportations. Cette embellie profite peu à une population algérienne frappée par une montée de prix de plus de 10% par an.
Le président Abdelmadjid Tebboune devant les sénateurs et députés.
Durant son discours Abdelmadjid Tebboune a rappelé sa décision d'attribuer une indemnité pour plus de deux millions de chômeurs et la suppression de l'impôt sur les revenus pour les bas salaires.
En politique extérieure, le chef de l'État algérien n'a pas annoncé de grands changements de la politique extérieure du pays. "L'Algérie défendra toujours la Palestine et le Sahara occidental."
Abdelmadjid Tebboune a été plusieurs fois interrompu par des parlementaires demandant lui demandant de briguer un second mandat. "Que Dieu nous prête la santé nécessaire", a-t-il répondu à l’un des parlementaires. Des dizaines de députés et de sénateurs ont scandé alors longuement : "Deuxième mandat !"
L'élection présidentielle au sufrage universel direct en Algérie doit avoir lieu en décembre 2024.