Les troisième et quatrième journées des éliminatoires de la CAN 2025 ont vu sept équipes décrocher leur qualification. Une nouvelle hiérarchie continentale se dessine à l'issue de ces doubles confrontations. Analyse.
Égypte, Algérie, l'amorce d'un nouveau cycle
Brillants à domicile, plus gestionnaires à l'extérieur : ainsi se présentent l'Égypte et l'Algérie dans ces éliminatoires de la CAN 2025. Toutes deux dirigées par des nouveaux sélectionneurs (Hossam Hassan sur le banc des Pharaons, Vladimir Petkovic sur celui des Fennecs), ces équipes en reconquête après une CAN plus ou moins en deçà des attentes laissent entrevoir des lendemains plus fastes. Si côté égyptien Mohamed Salah reste une star offensive à la hauteur, à l'image du bilan irréprochable des siens (4 matchs, 4 victoires, 10 buts inscrits, 0 encaissé), ce n'est plus le cas de Riyad Mahrez côté algérien. Revenu le mois dernier pour ces éliminatoires, l'ancien joueur de Manchester City reste porteur du brassard de capitaine mais n'a débuté que deux des quatre matchs disputés par les champions d'Afrique 2019. Son apport à l'équipe nationale fait aujourd'hui débat en Algérie.
Angola, RDC, sur la bonne lancée de la CAN 2023
La RD Congo reste fidèle à ses bonnes habitudes. En avance sur ses objectifs lorsqu'ils terminèrent en Côte d'Ivoire au pied du podium de la CAN 2023, les Léopards ont été parmi les premiers à se qualifier pour l'édition suivante. A Dar es Salam, les hommes de Sébastien Desabre a poursuivi son sans-faute en prenant pour la deuxième fois le meilleur sur la Tanzanie (2-0). La délivrance est intervenue dans les dernières minutes de la partie grâce à un doublé de Meschack Elia. L’ailier des Young Boys, qui vient de franchir le cap des 40 sélections chez les Léopards, permet aux demi-finalistes de l’édition 2023 en Côte d’Ivoire, de demeurer invaincus et toujours inviolés dans ces éliminatoires, avec 4 « clean sheets » consécutives en autant de rencontres (6 buts marqués, 0 but encaissé).
Une dynamique similaire est à l'œuvre en Angola. Les Palancas Negras ont également réussi un carton plein avec un bilan quasi-identique (6 buts marqués, 1 seul encaissé) dans une poule abritant également un Ghana en bien mauvaise posture. La sélection lusophone capitalise sur les certitudes acquises lors de la dernière CAN, qui la vit atteindre les quarts de finale. A sa tête, le Portugais Pedro Gonçalves fait tomber les records les uns après les autres : premier coach à qualifier l'équipe pour le CHAN puis la CAN, auteur de la meilleure performance de l'équipe en phase de groupes de la CAN, entraîneur le plus victorieux de l'histoire de l'Angola, vainqueur de sa première COSAFA Cup en deux décennies.
Burkina Faso, Sénégal, Cameroun, un standing à tenir
La petite histoire retiendra que le Burkina Faso a été la première équipe à décrocher sa qualification. Au bénéfice d'un carton plein face au Burundi, les Étalons disputeront au Maroc la quatorzième phase finale de leur histoire. Obligés depuis des années à recevoir loin de leur pays, plongé dans une crise sévère, les coéquipiers de Bertrand Traoré s'accommodent bien de cette expatriation forcée. Coaché depuis le printemps par le technicien local Brama Traoré, ce groupe évolue par petites touches. Contrainte par un réservoir plus limité que ceux des voisins malien, ivoirien ou ghanéen, cette stabilité porte ses fruits : le pays des hommes intègres n'a manqué qu'une phase finale depuis 2010 et atteint trois fois le dernier carré durant cette période (finaliste en 2013, demi-finaliste en 2017 et 2021).
Avec 10 points, comme le Burkina Faso, le Sénégal sera également de la fête au Maroc. Les Lions de la Teranga s'en sont remis à leur maître à jouer Sadio Mané pour s'imposer au Malawi et composter leur ticket. Le principal enjeu s'est déplacé en coulisses : non renouvelé par le ministère des Sports au terme de son contrat, fin août, Aliou Cissé avait cédé sa place à son ex-adjoint Pape Thiaw. Les autorités sénégalaises devraient désigner un successeur dans les semaines à venir. La qualification précoce leur offre un surcroît de sérénité pour faire ce choix.
De la sérénité, le Cameroun en manque depuis qu'une guerre des chefs oppose la Fédération, présidée par Samuel Eto'o, au ministère des Sports autour du choix par ce dernier du sélectionneur Marc Brys. Malgré ce contexte tendu, du moins jusqu'au récent accord sur la constitution d'un staff technique, le technicien belge présente un bilan très positif. Avec 10 points en 4 matchs, les Lions Indomptables, deux fois vainqueurs du Kenya ce mois-ci, font partie de cette première fournée de qualifiés pour l'édition 2025. Au-delà d'avoir atteint ce premier objectif, le successeur de Rigobert Song peut se targuer de présenter un contenu en progrès et d'avoir fait des choix payants, comme en témoigne le but de Boris Enow dès sa première sélection, à Kampala (Ouganda) face au Kenya.
Qui les rejoindra ?
Les cinquième et sixième journées, programmées au mois de novembre, permettront de compléter le plateau de cette CAN 2025. Parmi les équipes en ballotage favorable, la Côte d'Ivoire, tenante du titre, l'Afrique du Sud, demi-finaliste sortante, le Mali ou encore le Gabon. Une incertitude pèse en outre sur le groupe D : déroutés puis retenus plus de douze heures dans un aéroport désert, les joueurs du Nigeria ont refusé de jouer en Libye. La Confédération africaine de football a saisi son jury disciplinaire de cette affaire.