Toute la Côte d'Ivoire rêve d'une troisième étoile de championne d'Afrique, au bout d'un parcours miraculeux. Mais devant elle se dresse l'impressionnant Nigeria de Victor Osimhen, en quête d'un quatrième titre, dimanche (21h00) à Abidjan.
Que la Force des "Éléphants" soit avec eux. Quasi éliminés après le tremblement de terre contre la Guinée équatoriale (4-0), les Ivoiriens ont été repêchés parmi les meilleurs troisièmes et ont puisé dans se parcours d'incroyables ressources mentales.
L'ex-adjoint Emerse Faé a remplacé Jean-Louis Gasset au poste de sélectionneur et a sonné la rébellion. Ses joueurs ont renversé le Sénégal (1-1, 5 t.a.b. à 4) et le Mali (2-1 a.p.) en marquant à chaque fois dans les derniers instants, comme protégés par des Dieux du football.
En demies ils ont maîtrisé leur sujet pour battre la RD Congo (1-0), avec un but de Sébastien Haller, leur attaquant arrivé blessé et qui avait manqué tout le premier tour.
La star du Nigeria Victor Osimhen a commencé à l'heure. Le "Roi d'Afrique", comme l'appelle son coéquipier Ahmed Musa, s'est assigné comme mission de remporter la Coupe, il approche du but.
Il n'a marqué qu'un but mais s'est entièrement mis au service de son équipe. Il a gratté deux penalties, provoqué un but contre son camp et offert une passe décisive à Ademola Lookman (3 buts à la CAN).
"Personne ne peut gagner un match tout seul", explique son sélectionneur José Peseiro, mais Osimhen "est un exemple".
Les Super Eagles, admirés pour leur choix en attaque, ont aussi une bonne défense. "J'ai choisi une autre stratégie", explique le technicien portugais, "les joueurs croient en elle : ne pas encaisser de but car on finira par en marquer un".
Le Nigeria est plus complet, mais la Côte d'Ivoire a la foi des ressuscités, et le soutien du grand stade d'Ebimpé, dans la banlieue d'Abidjan.
Mais personne n'a plus remporté la Coupe d'Afrique à la maison depuis l’Égypte en 2006, contre les "Éléphants" d'Emerse Faé, alors joueur (0-0, 4 t.a.b. à 2).
Le Nigeria avait remporté chez lui sa première étoile en 1980, mais avait pleuré à Lagos en 2000 contre le Cameroun (2-2, 4 t.a.b. à 3), et on ne peut pas dire que l'arbitrage ait été "à domicile" : le tir au but de Victor Ikpeba avait très probablement franchi la ligne mais n'a pas été validé.
Les "Super Eagles" restent des spécialistes avec une huitième finale. L’Égypte en a joué 10 (7 victoires), le Ghana 9 (4 victoires) et le Cameroun 7 (5 victoires).
Cette fois il n'y a plus son épouvantail, le Cameroun, qui l'a battu trois fois à ce stade (également en 1984 et 1988) : il s'en est lui-même débarrassé en 8e de finale (2-0).
La Côte d'Ivoire a terminé ses quatre finales aux tirs au but, elle a gagné la première et la dernière, à chaque fois contre le Ghana (1992 et 2015), et perdu celles de 2006 et 2012.
Ses deux séances victorieuses furent interminables. En 1992 il a fallu commencer un deuxième tour de tireurs (0-0, 11 t.a.b. à 10), et en 2015 (0-0, 9 t.a.b. à 8) le gardien Copa Barry a transformé le dernier, pendant que Gervinho, assis sur une chaise en plastique, détournait le regard.
Le joueur de la Roma à l'époque était inconsolable de son raté en finale 2012 qui avait offert la victoire à la Zambie d'Hervé Renard (0-0, 8 t.a.b. à 7).
L'immense Didier Drogba n'a jamais remporté la CAN, les Éléphants ont gagné sans lui la première après sa retraite internationale, en 2015. De ces héros il ne reste que Max-Alain Gradel et Serge Aurier, les vieux jedis de la Guerre des étoiles.