"J'entends souvent que, sur la question mémorielle et la question franco-algérienne, nous sommes sommés en permanence de choisir entre la fierté et la repentance", a déclaré le président français lors d'un point presse à Alger au deuxième jour de sa visite en Algérie.
Moi, je veux la vérité, la reconnaissance (car) sinon on n'avancera jamais.Emmanuel Macron, président de la République française.
"Moi, je veux la vérité, la reconnaissance (car) sinon on n'avancera jamais", a-t-il martelé, en relevant que l'exercice s'annonçait plus aisé pour la nouvelle génération qui, comme lui, n'est "pas enfant de la guerre d'Algérie"."Cette histoire, on doit la regarder en face avec courage, avec lucidité, avec vérité", a-t-il dit.
C'est le but de la commission franco-algérienne d'historiens dont la création a été annoncé à l'issue d'entretiens avec le président algérien Abelmadjid Tebboune, a-t-il expliqué.
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"Ce n'est pas du tout de la repentance", a ajouté le président français, répondant par avance aux critiques des nostalgiques de l'Algérie française tout en excluant une nouvelle fois de présenter des excuses très attendues à Alger.
En visitant le cimetière européen Saint-Eugène, le principal d'Alger du temps de la colonisation française, il a déposé une gerbe au pied du monument aux "morts pour la France", avant que le choeur de l'armée française n'entonne la Marseillaise.
Ensuite, au milieu des pins et cyprès, il a longuement déambulé dans les secteurs chrétien, militaire et s'est particulièrement attardé dans le carré juif où repose l'acteur metteur en scène Roger Hanin.
À sa sortie, il a abordé de nombreux sujets devant la presse, en particulier le délicat dossier mémoriel qui avait causé une grave brouille à l'automne dernier avec Alger.
En scellant leur réconciliation jeudi, Emmanuel Macron et son homologue, Abdelmadjid Tebboune, ont annoncé la création d'une commission mixte d'historiens "pour regarder ensemble cette période historique" du début de la colonisation (1830) jusqu'à la fin de la guerre d'indépendance (1962).
On va leur ouvrir la totalité des archives (..) Le président algérien m'a dit: j'ouvre aussi les miennes.Emmanuel Macron, président de la République française.
C'est la deuxième fois que Emmanuel Macron se rend en Algérie en tant que président, après une première visite en décembre 2017. Les relations entre les deux pays étaient alors au beau fixe avec un jeune chef d'Etat, né après 1962, qui avait qualifié avant son élection la colonisation française de "crime contre l'humanité".
Mais elles avaient tourné court, rattrapées par des mémoires traumatisées par 132 ans de colonisation, une guerre sanglante et le rapatriement douloureux d'un million de Français d'Algérie.
La commission se penchera sur les "premiers temps de la colonisation avec leur dureté, avec la brutalité de ces événements" mais aussi sur les "disparus", a relevé Emmanuel Macron.