Côte d’Ivoire : Un colloque international réunit écrivain.e.s, intellectuels et artistes autour des arts de la démocratie en Afrique

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Côte d’Ivoire : Un colloque international réunit écrivain.e.s, intellectuels et artistes autour des arts de la démocratie en Afrique (1)
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Mis à jour le
14 mai 2025 à 17:37
par Christian Eboulé

Depuis ce lundi 12 mai et jusqu’au 15 mai prochain, Abidjan accueille un colloque sur « Les arts de la démocratie en Afrique ». Organisé conjointement par l’Institut de recherche pour le développement (IRD), la Fondation de l’innovation pour la démocratie et le ministère ivoirien de la Culture et de la Francophonie, cet événement culturel réunit des intellectuels, artistes et acteurs de la société civile. Fred Eboko, représentant de l’IRD en Côte d’Ivoire répond à nos questions. 

TV5MONDE : en partenariat avec la Fondation de l’innovation pour la Démocratie, vous avez initié un cycle de colloques internationaux qui se tiennent en Côte d’Ivoire, et dont les participants viennent du monde entier, avec notamment pour objectif, selon vous, « de sortir de la pensée du 19ème siècle qui a tant occupé les esprits tout au long du 20ème siècle.» 

A quelle pensée faites-vous allusion, et quels sont ces arts de la démocratie que vous convoquez ici ?

Fred Eboko : Paradoxalement, l’idée de sortir de la pensée du 19ème siècle se rattache chez moi à un auteur que j’aime beaucoup. Emile Durkheim est, en France, le père fondateur de la discipline des science sociales qui m’inspire le plus : la sociologie. Mais il est aussi un homme du 19ème siècle, né en 1858 et mort en 1917. Il avait une vision très surplombante de « la société ». 

Et si ses écrits me séduisent c’est surtout par la puissance de la pensée éclectique de Durkheim et pas forcément par l’actualité de ses concepts. Il disait, par exemple : « nous croyons féconde cette idée, que la vie sociale doit s’expliquer, non par la conception que s’en font ceux qui participent mais par des causes profondes qui échappent à la conscience ». Nous y opposons au 21ème siècle, l’idée que ce sont les représentations et les aspirations des citoyens qui font et défont la vie sociale. 

Et ces aspirations collectives sont diffusées par des types de supports très variés auxquels les artistes apportent la force des imaginaires. Les arts médiatisent les rêves, les émotions qui partagent collectivement des pans profonds de nos aspirations, de nos expériences, de nos frustrations et de nos désirs, y compris les plus personnels. C’est par exemple la puissance de la fiction romanesque. 

TV5MONDE : Contrairement au premier colloque qui s’est tenu les 23 et 24 mai 2024 (Action publique et mobilisations citoyennes en Afrique), à Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire, cette année, vous vous êtes associé à la grande écrivaine camerounaise Hemley Boum, récent prix des 5 continents de la francophonie. Pourquoi ce choix qui mêle universitaires et artistes d’horizons très divers ?

Fred Eboko : La mise en résonance des univers artistique et académique, au service d’une réflexion globale sur une démocratie située, nécessite d’ouvrir le cercle de nos alliances et de nos appartenances. Les artistes s’approprient le réel, l’interprètent, le réinventent où s’en échappent dans une vision intime et personnelle qui devient notre héritage commun et influence la façon dont nous habitons le monde. 

 

Photo de famille

Photo de famille (au centre, en ensemble wax, Françoise Remarck, la ministre ivoirienne de la Culture et de la Francophonie) des participant.e.s au colloque sur les arts de la démocratie qui se tient du 12 au 15 mai 2025, à Abidjan, en Côte d'Ivoire. 

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L’année dernière, le colloque de Yamoussoukro a réuni des universitaires et des collectifs citoyens. Sur incitation d’Achille Mbembe, j’ai pensé à un colloque qui mette en avant les artistes d’abord et leurs talents qui parlent de nos sociétés en mouvement. Pour ce qui concerne Hemley, nos échanges ont commencé depuis plus d’une décennie et nous avons travaillé ensemble dans la réflexion scientifique qui a accompagné son second roman Si d’Aimer (La Cheminante, 2012). 

Je me suis également appuyé sur ces écrits pour mettre en avant le potentiel de ce que j’avais nommé « une collaboration hors-pairs » dans le sillage des sciences sociales dans l’espace public. C’est donc un choix qui coule de source en raison de ses écrits, de son travail et de l’amitié qui nous lit et de la dynamique qui existe entre l’IRD et la Fondation de l’innovation pour la Démocratie avec laquelle elle chemine également. Il se trouve que je suis un lien entre l’IRD et la Fondation, en tant que membre du Conseil d’Administration de cette Fondation et représentant de l’IRD résidant en Côte d’Ivoire. 

TV5MONDE : La Fondation de l’innovation pour la Démocratie est très attachée au réarmement intellectuel des jeunesses africaines. Votre parcours est très inspirant pour ces jeunes. Né à Paris, d’un couple d’étudiants camerounais, vous grandissez à Yaoundé, la capitale camerounaise dès l’âge de trois ans. Quels souvenirs avez-vous de ces premières années en terre camerounaise ? 

Fred Eboko : J’ai grandi dans un milieu relativement protégé que l’on peut appeler « la classe moyenne supérieure ». Mes deux parents ont été des cadres de la fonction publique. Mes souvenirs mériteraient un roman (rires) mais je peux résumer mes premières années par l’immense bienveillance et l’affection dont nos enfances ont été nourries. Nos vacances étaient le moment important de la construction d’une fratrie de cousins germains que notre grand-mère accueillait chez elle à la Cité Sic à Douala. J’en garde mes plus beaux souvenirs d’enfance, entre foot, foot et foot, la piscine, le vélo, la boxe et tous les jeux avec les autres enfants. 

Pour l’école, le plaisir d’y aller est lié à mon entrée à la maternelle. la maîtresse me donnait l’impression que l’école était un joyeux prolongement des sourires de ma famille. Je l’appelais « Tata Théo », comme à la maison. C’était une amie de ma mère.  Le reste de ma scolarité a été un parcours classique de la progéniture des élites de la capitale camerounaise : École du Centre, Lycée Leclerc. Avec un passage au Lycée bilingue de Yaoundé, entre les cours et l’équipe de football de ce lycée.

TV5MONDE : « De quoi l’immigration est-elle le symbole ? », telle est la thématique d’une des rencontres de votre prochain colloque. En vous hissant au sommet de la recherche et de l’université françaises, votre trajectoire fait de vous un modèle singulier d’intégration. Quel regard portez-vous sur la construction politique et sociale des discriminations sociales en France ?

Fred Eboko : La société française vit une crise identitaire. Cette dernière est liée à plusieurs facteurs, économiques, sociaux et politiques. Je suis d’accord avec ce que disait mon professeur de sociologie à Bordeaux, Didier Lapeyronnie, sur la société française et la question immigrée. Il parlait dune « culture d’intégration et d’une économie d’exclusion ». 

 

Le racisme et les crispations identitaires opposent des groupes qui ont la France en commun et des représentations différenciées de cette identité française.

Fred Eboko, représentant de l'IRD en Côte d'Ivoire

Le racisme et les crispations identitaires opposent des groupes qui ont la France en commun et des représentations différenciées de cette identité française. Par exemple, les jeunes français dont les parents ou les grands-parents sont venus de l’étranger, notamment d’Afrique, du nord au sud, subissent une assignation identitaire, sous le label « immigrés », qu’ils finissent par se réapproprier. Chez ces jeunes gens, il s’agit de valoriser ce qui leur est présenté comme des identités subalternes. C’est un grand classique. 

L’inspiration d’extrême-droite qu’empruntent d’autres partis politiques pour des raisons électoralistes promeut un climat potentiellement délétère, parfois explosif. Les contrôles au faciès, par exemple, opposent, de manière inégale des victimes. Un policier qui reçoit l’injonction d’aller contrôler des personnes sur lesquelles ne pèsent aucun signalement ni aucun délit, sont des victimes qui vont humilier des victimes au carré. Il faut en sortir. En mettant en lumière les douleurs des uns et des autres qui relèvent des inégalités économiques ou d’appréhensions erronées des « autres », sur le versant identitaire. 

Dans mon cas, puisque vous en parlez, je ne suis pas un modèle d’intégration car je n’ai réalisé aucun effort « culturel » pour m’intégrer dans la société française. Je suis né en France, j’ai grandi dans la partie francophone du Cameroun. Dès mes premiers jours en France, je n’étais pas culturellement dépaysé. Il est donc parfaitement contradictoire d’imaginer que l’argument culturel, la fameuse « origine », soit une explication des difficultés des jeunes français dont les parents ou les grands-parents sont nés ailleurs. 

Ce que je suis est la résultante du milieu social dans lequel j’ai grandi. Mon père était multi-diplômé, ingénieur-statisticien, puis docteur en sciences de l’éducation de l’Université Laval au Québec. Ma mère, d’abord institutrice, comme Tata Théo dont j’ai parlé plus haut, elle est devenue « inspecteur du travail » de l’Université Libre de Bruxelles, en étant enceinte de ma petite personne. Je n’ai donc pas de mérite particulier, si l’on compare des parcours comme le mien à celui de nos parents dont les parents n'étaient pas allés à l’école. 

En regardant nos parents, les amis de ma génération et moi disons même souvent, nous sommes de petits joueurs. Néanmoins, je reconnais que j’ai évidemment beaucoup travaillé pour en être où je suis. Du point de vue de ma carrière, oui je me suis battu avec mes armes, dans une discipline qui a combiné plusieurs piliers : l’abnégation, la résilience, la passion, le travail, le partage et, sans doute, beaucoup de chance. Mais j’ai tendance à dire que la chance sourit à celles et ceux qui aiment être avec les autres. 

TV5MONDE : L’une des dernières tables-rondes du prochain colloque est consacrée au football. Celui-ci a été une passion totale pour vous dès votre plus jeune âge. A Yaoundé, dès l’âge de 8 ans, vous avez connu le football de rue et celui, académique, que vous appreniez au « Mongo football ». Vous étiez alors un jeune prodige. Quel rôle le football a-t-il joué dans la construction de votre personnalité et dans votre vie en général ? Pourquoi n’avez-vous pas fait carrière ?

Fred Eboko : En réalité, j’ai commencé à jouer au foot à l’âge de 4 ans. Mon cousin germain, l’aîné de la fratrie des cousins germains, qui avait 7 ans, m’a fait découvrir les possibilités infinies que présente un ballon de foot. Le football est effectivement une partie de ma vie. Je pense que pour mes amis d’enfance, je suis d’abord et surtout un footballeur. 

Dans le monde amateur qu’était le foot au Cameroun d’une part, et l’obsession que les parents du milieu social auquel j’appartenais avaient de la réussite scolaire, d’autre part, il était à peu près inenvisageable de penser à faire carrière. Pour autant, j’ai l’immense fierté d’avoir été systématiquement appelé ou choisi dans toutes les équipes qui ont hébergé ma passion. 

Lorsque j’ai passé les tests de détection de la section junior (les moins de 21 ans) de Canon Junior [L’une des équipes emblématiques du championnat camerounais de première division, NDLR], à 17-18 ans, mon soulagement était aussi fort que les choses se sont passées très rapidement. Etre retenu, après avoir réalisé deux actions en quelques minutes, a été pour moi une reconnaissance que je savais réellement jouer au football, au-delà de « jouer au ballon ». Ce fut aussi dans mon esprit, un hommage, balle au pied, à tous les entraîneurs que j’avais eus auparavant. 

Nos aînés du Canon de Yaoundé étaient à l’époque, la meilleure équipe de toute l’Afrique. Au quartier avec Isaac Mpouma, alias « Grand Puma » qui dirigeait les minimes de « Liverpool Football Club d’Essos ». A l’école de foot, le « Mongo Football » fondé par l’ancien professionnel Moudio Ben Barek et au lycée bilingue où j’ai eu l’immense honneur d’être entrainé par un ancien international, multiple champion d’Afrique avec le Canon dont il entraineur de l’équipe fanion. Il était professeur d’EPS et a renouvelé toute ma fierté en devenant beaucoup plus tard l’entraîneur du Cameroun, champion olympique en l’an 2000. Vous avez reconnu Jean-Paul Akono qui m’a fait redécouvrir des qualités mentales et techniques que je ne connaissais pas vraiment. 

 

Colloque Abidjan

Quelques participants au colloque sur les arts de la démocratie qui se tient à Abidjan, du 12 au 15 mai 2025.

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Surtout, jouer au football au Cameroun est l’immersion la plus profonde que j’aie eue dans les profondeurs de toutes les catégories sociales de ce pays, notamment des couches populaires qui charrient une richesse et une énergie exceptionnelles. 

TV5MONDE : Vous avez obtenu votre baccalauréat à Bordeaux, en France, et vous y avez poursuivi vos études supérieures. Vous vous êtes immédiatement passionné pour les sciences sociales, au point d’en faire votre métier. Ce choix était-il une évidence ? Qu’est-ce qui a été le plus marquant pour vous durant toutes ces années bordelaises ?

Fred Eboko : Lorsque ma mère m’a mis dans l’avion, fidèle à elle-même, elle m’a dit avec la simplicité qui était la sienne : « il faut que tu y arrives, il faut avoir le bac ! ». Il y a un mois, mes collègues bordelais m’ont invité pour un colloque international, en me déroulant le tapis rouge. Avant mon intervention, je leur ai rappelé ces mots de ma mère en guise de remerciements posthumes de sa part. C’était une manière de dire que Bordeaux a été la ville de ma renaissance. Ce ne fut pas évident pour moi, après le bac. 

J’avais suivi les injonctions de mon père qui avait déjà tracé un plan incroyable pour moi dont je vous passe les détails. Mais ce chemin qui commençait par les sciences économiques n’était pas le mien. J’ai donc changé de filière et supporté le courroux de mon père en attaquant la sociologie, l’anthropologie, puis la science politique. J’ai tenté de rattraper les années perdues en sciences économiques en avalant les bouchées doubles : deux licences, deux maîtrises (sociologie et anthropologie), deux DEA (science politique et sociologie), une thèse. 

J’ai réalisé la première thèse en science politique sur la question du sida en Afrique. Une seule thèse avait été soutenue sur cette thématique en science politique, aux Etats-Unis. Je me suis passionné pour des auteurs de ces trois disciplines qui, pour chacune, m’offraient une certaine compréhension de notre monde. J’ai plongé dans cette sociologie bordelaise qui sondait avec force la notion d’Alain Touraine de « Sujet », à savoir « le désir d’un individu ou d’un groupe d’être l’acteur de sa propre vie ».  

Et, à la mesure de ce que disait Bourdieu, « la sociologie est une science politique », j’ai abordé cette discipline avec un profond intérêt pour les politiques publiques et l’Etat. Entre-temps, je me suis immergé, grâce à une jeune prof d’anthropologie, dans la rigueur du terrain ethnographique. Je me suis délecté de la science politique, au Centre d’Étude d’Afrique Noire de Sciences Po Bordeaux, avec un corps enseignant de premier plan et, notamment, mon directeur de thèse, feu Jean-François Médard. 

A côtés des études, j’ai vécu des amitiés cosmopolites et puissantes à Bordeaux. J’ai puisé mes forces dans les rencontres bordelaises qui emplissent ma vie actuelle au quotidien et qui sont gravées à jamais dans ma mémoire et mon vécu. Bordeaux est ma ville, comme Yaoundé et Douala sont mes villes. 

 

TV5MONDE : « La vie m’a offert un cadeau Qui allège toute sorte de fardeau Mon cadeau me précède, il est ma conscience Le guide de toutes les espérances […] » Tels sont les premiers vers du très beau poème, intitulé « Maman je dirai ton nom… », que vous avez publié sur votre page Facebook le 14 juillet 2024, en hommage à votre mère disparue un an plus tôt. Quel rapport entreteniez-vous avec votre maman ? La poésie est-elle aujourd’hui l’un de vos moyens d’expression favori ?

 

Fred Eboko : Je vous remercie de me donner l’occasion d’évoquer celle à qui j’ai dit de son vivant qu’elle m’a donné la vie plusieurs fois. Et les différents éléments de votre question me permettent de répondre précisément par plusieurs anecdotes qui expriment le lien qui me lie à ma mère, au-delà de l’existence terrestre. 

 

Lorsque j’ai écrit le poème qui m’a valu le premier prix de poésie du concours lancé par l’Institut Français de Dakar, où j’étais en affectation en 2014, maman était venue rendre visite à ma petite famille pendant plusieurs mois. Je voulais retrouver un poème que j’avais écrit sur la langue française, quelques années auparavant. En vain. Le jour de la date limite d’envoi des poèmes à l’Institut, j’ai fait part à ma mère de mon désarroi. Elle m’a dit : « tu peux en écrire un autre ». 

 

Et je me suis assis devant mon ordinateur, à deux mètres du canapé dans lequel elle était assise. En une demi-heure, j’avais écrit le fameux poème intitulé « La langue française ». Je l’ai imprimé. Elle l’a relu, en enlevant certaines strophes qu’elle trouvait « trop compliquées ». J’ai corrigé mon texte. Et je l’ai envoyé. Il m’a donc pris 45 minutes, entre la première strophe et le clap de fin. Lorsque ma petite famille, maman et moi sommes allés assister à la proclamation des résultats, quelques semaines plus tard, ma mère et ma fille m’ont dit que j’allais gagner. J’étais évidemment très dubitatif. 

 

Ma mère m’a simplement dit : « tu l’as écrit avec ta tête, tu l’as écrit pour gagner et tu vas gagner ». A la proclamation de mon nom, j’ai vu ma mère applaudir exactement comme si c’était l’enfant de 8 ans que je fus qui venait de gagner un concours de poésie. J’étais en mission à Yaoundé, il y a quelques années. Comme souvent, je déjeunais chez Maman le dimanche avec des amis. Comme d’habitude, je pérorais en attendant les victuailles et mon « ndolè-crevettes ». Je racontais à mes amis à quel point « Maman aime et a aimé le foot ». Maman passait par là et dit : « je n’ai jamais aimé le foot, c’est toi que j’aimais ». 

 

Autre mission, même lieu, même table. Maman m’informe qu’elle veut m’avouer une chose qu’elle n’a jamais eu le courage de me dire. « Lorsque ton entraîneur du Mongo Football, Moudio, envoyait son fils au centre de formation de Nantes, il est venu me voir pour t’emmener avec lui à Nantes. Je l’ai chassé en lui disant qu’il avait même de la chance que ton père soit absent sinon ça allait mal se terminer. Je sais que tu vas m’en vouloir… ». 

Je l’ai regardée, je lui ai dit cette vérité qu’elle aurait dû savoir : « Maman, pour rien au monde, je ne t’aurais quitté à 14 ans. Personne n’aurait pu nous séparer à cet âge, Maman ».