Covid-19 : les différentes réactions des pays africains face au variant Omicron

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Covid-19 : les différentes réactions des pays africains face au variant Omicron (1)
Des élèves portent le masque au collège Kgololo dans le township d'Alexandra à Johannesbourg le 30 novembre 2021. Les médecins en Afrique du Sud ont constaté que les symptômes du variant Omicron sont bénins mais mettent en garde contre le fait qu'il s'agit du tout début d'une nouvelle forme de Covid-19 qui touche surtout les jeunes entre 20 et 30 ans.
© AP Photo/Jerome Delay
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Covid-19 : les différentes réactions des pays africains face au variant Omicron (2)
Passagers venant de se faire tester pour le Covid-19  à l'aéroport OR Tambo de Johannesbourg en Afrique du Sud le 29 novembre 2021.
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Mis à jour le
6 décembre 2021 à 09:39
par Elena Lionnet AFP
Dès l’annonce par l’Afrique du Sud et le Botswana de l’apparition d’un nouveau variant, de nombreux pays dans le monde ont fermé à nouveau leurs frontières. Une décision condamnée par l’OMS et fustigée par le président sud-africain Cyril Ramaphosa. Comment réagissent les pays africains à l’arrivée d’Omicron ?
Le variant Omicron, détecté par l’Afrique du Sud et le Botswana le 25 novembre, est signalé dans 23 pays, dont quatre sur le continent africain avec le Ghana et le Nigeria, selon le Centre de contrôle et de prévention des maladies de l’Union africaine en date du 30 novembre. 

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Dès l’apparition du nouveau variant, qui se distingue par sa contagiosité, de nombreux pays dans le monde ont immédiatement réagi en fermant leurs frontières aux voyageurs provenant nous seulement d'Afrique du Sud, voire de toute l’Afrique australe. 

Des pays africains qui ferment leurs frontières

Sur le continent, c’est le Maroc qui le premier a décidé une fermeture totale de ses frontières le 25 novembre annonçant la suppression "jusqu'à nouvel ordre" des vols directs à destination et en provenance de France, avant de refermer toutes les frontières aériennes pour deux semaines.

(RE)lire : Covid-19 : le Maroc suspend ses liaisons aériennes avec la France à partir du 26 novembre à minuit

Il a été suivi par l’Égypte qui depuis le 26 novembre n’accepte plus de voyageurs en provenance d’Afrique du Sud, du Botswana, du Lesotho, de la Namibie et du Zimbabwe. 

L’Angola a également fermé ses frontières à l’Afrique du Sud, le Mozambique et la Namibie. 

Le Soudan a fermé ses frontières depuis le 30 novembre aux personnes venant d’Afrique du Sud, du Bostwana, du Lesotho, de Namibie et du Zimbabwe.

Après Maurice, les Seychelles et le Rwanda, le Gabon annnonce le 1er décembre une interdiction d'entrée sur le territoire aux voyageurs en provenance de huit pays d'Afrique australe (Angola, Afrique du Sud, Botswana, Lesotho, Malawi, Mozambique, Swaziland, Zimbabwe).

Le 2 décembre, la Guinée équatoriale décide de suspendre tous les vols internationaux du 6 décembre au 2 janvier 2022.

Une décision "politique" critiquée par l'OMS

Le Directeur général de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus a critiqué cette mesure. Pendant leur conférence de presse du 1er décembre, avec Michael Ryan, le directeur de l'OMS pour les situations d'urgence, il a répété que les interdictions de voyages - mises en place par certains pays - n'empêcheront pas la propagation du variant Omicron sur la planète.
 
L'idée que vous pouvez mettre un couvercle hermétique sur des pays n'est franchement pas possible.
Michael Ryan, directeur de l'OMS pour les situations d'urgence
"L'idée que vous pouvez mettre un couvercle hermétique sur des pays n'est franchement pas possible", a insisté Michael Ryan, appelant les pays à prendre des mesures en suivant des principes "de santé publique et non politique".

Maria Van Kerkhove, la responsable de la gestion de l'épidémie de Covid-19, a rajouté que les interdictions de voyager "ont rendu difficile" l'envoi d'échantillons depuis l'Afrique du Sud, alors même que le pays est tout à fait disposé à les partager.

De nouvelles restrictions jugées discriminantes

Un point martelé par le président sud-africain Cyril Ramaphosa lors de son déplacement au Nigeria et en Côte d’Ivoire le 2 décembre où il a dénoncé ce qu’il appelle "une forme d'apartheid sanitaire".
 
Il est tout à fait regrettable, malheureux, et je dirais même triste que des pays africains aient imposé des restrictions de voyage.
Clayson Monyela, porte-parole du Ministère des Affaires Étrangères sud-africain
Le président sud-africain a affirmé être avec son homologue ivoirien "préoccupé que l'Afrique et le reste du monde en développement continue à se battre (contre la pandémie) en ayant un accès limité aux vaccins si nécessaires pour sauver des vies".
Il a en outre estimé que cette décision d'isoler son pays était "une gifle à l'expertise et l'excellence africaines", puisque ce sont "nos propres scientifiques qui ont les premiers, détecté le variant Omicron".

(RE)voir :  Variant Omicron : l’Afrique du Sud s’estime "discriminée"
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"Il est tout à fait regrettable, malheureux, et je dirais même triste que des pays africains aient imposé des restrictions de voyage", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères sud-africain, Clayson Monyela.

La Côte d'Ivoire de son coté a décidé à partir du 1er décembre de renforcer ses contrôles sanitaires à l'aéroport et de procéder "au dépistage systématique par test PCR de tout voyageur en provenance de pays où le variant Omicron a été détecté".

Les restrictions de voyage imposées à l'Afrique australe par de nombreux pays occidentaux relèvent de "l'afrophobie", a dénoncé pour sa part le président du Malawi, Lazarus Chakwera dans un post sur sa page Facebook.
 

Une couverture vaccinale très faible sur le continent

La couverture vaccinale en Afrique reste faible, avec seulement 7% des 1,2 milliards d'habitants entièrement vaccinés.

(RE)voir : Covid-19 : l'Afrique du Sud prépare le premier vaccin à ARN messager du continent
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Les campagnes de vaccination ont connu un démarrage lent en raison d'un accès limité aux vaccins et souffrent également dans certains pays d'une grande méfiance envers les vaccins contre le Covid-19.

L'Afrique a besoin d'1,5 milliard de doses pour vacciner 60% de sa population et atteindre un certain niveau d'immunité collective. Jusqu'à présent, le continent a reçu un peu plus de 400 millions de doses.

L'inégal accès aux vaccins est "le meilleur allié de la pandémie de Covid-19", a affirmé en octobre le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, lors d'une conférence de presse avec le directeur général de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus.