
Deux explosions ont frappé jeudi 27 février 2025 un meeting du groupe armé M23 à Bukavu, dans l'est de la République démocratique du Congo. L'incident survient alors que la région est en proie à de fortes tensions après la prise de Bukavu par le M23 le 16 février. Au moins 11 morts sont à déplorer.
Deux explosions ont retenti jeudi 27 février lors d'un meeting du M23 à Bukavu, grande ville de l'est de la RDC récemment tombée sous le contrôle du groupe armé. L'attaque a fait au moins 11 morts et une soixantaine de blessés. Le président Félix Tshisekedi a condamné un "acte terroriste odieux".
Le M23 ("Mouvement du 23 mars"), qui a repris les armes fin 2021 et appuyé par 4 000 soldats rwandais déployés dans la région, selon des experts de l'ONU, s'est emparé mi-février de Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu. Fin janvier, le groupe avait déjà pris le contrôle de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu.
Jeudi matin à Bukavu, une foule compacte de plusieurs milliers de personnes s'était rassemblée pour un meeting organisé par le M23, en présence de plusieurs de ses dirigeants.
Une première explosion a retenti au moment où Corneille Nangaa, figure de l'Alliance Fleuve Congo (AFC), une coalition politico-militaire à laquelle appartient le M23, quittait la tribune installée sur une grande place après s'être exprimé, selon des journalistes de l'AFP.
(Re)lire : RD Congo : le M23 s'empare de Minova dans le Sud-Kivu
La panique a envahi l'audience. La foule apeurée s'est mise à courir dans tous les sens pour prendre la fuite. C'est alors qu'une seconde explosion a été entendue.
Des flaques de sang et des chaussures abandonnées dans l'affolement étaient visibles sur la place de l'Indépendance, toujours selon des journalistes de l'AFP.
Pour l'instant, aucune information claire n'a été diffusée sur la nature ou l'origine des deux explosions.
Le président de la République démocratique du Congo (RDC) a dénoncé dans un message posté sur X par la présidence, un "acte terroriste odieux, qui a été perpétré par une armée étrangère présente illégalement sur le sol congolais", faisant vraisemblablement référence à la présence militaire rwandaise dans la région.
Selon une source hospitalière sous couvert d'anonymat, "il y a 11 corps" à la morgue de la ville. Il s'agit de personnes qui ont été conduites à l'hôpital général provincial mais étaient déjà décédées.
Côté blessés, on est déjà à une soixantaine", a poursuivi cette source.
Dans l'après-midi, plusieurs dizaines de personnes étaient rassemblées devant les grilles de l'hôpital, à la recherche d'un parent ou d'un proche, a constaté un journaliste de l'AFP.
Des témoins avaient auparavant indiqué à l'AFP avoir vu entre cinq et sept corps après les explosions.
(Re)lire En République démocratique du Congo, le M23 grossit ses rangs avec d'anciens militaires et policiers
"Beaucoup de gens viennent de mourir. Il y avait des personnes mal intentionnées dans la foule", a affirmé Antoine Aganze, présent au meeting, ajoutant avoir "vu sept corps" inanimés.
Un habitant de Bukavu s'exprimant sous couvert d'anonymat a déclaré avoir vu passer "des brancards avec cinq corps".
Un journaliste de l'AFP a vu plusieurs blessés appeler à l'aide sur la place du meeting.
Un autre participant, Mushagalusa Irenge, a dit avoir "vu un engin tomber du ciel en plein milieu de la foule".
Un porte-parole du M23, Willy Ngoma, a affirmé que les dirigeants du groupe armé étaient visés par les explosions.
Après la prise de Goma et Bukavu, le M23 a continué de progresser dans les Nord- et Sud-Kivu, sans rencontrer de véritable résistance des forces armées congolaises.
Plusieurs témoins ont signalé mardi à l'AFP la présence de combattants du M23 à environ 75 km au nord d'Uvira, ville à la pointe nord-ouest du lac Tanganyika adossée à la capitale économique burundaise Bujumbura.
D'autres habitants ont également rapporté le déploiement de troupes burundaises dans la zone.
(Re)lire Nouvelle offensive du M23 dans l'est de la RDC
Au nord de Goma, l'Ouganda a également déployé des troupes en RDC dans une zone longeant sa frontière, sans qu'aucun combat ne soit dans l'immédiat signalé.
Sur fond de craintes de guerre régionale, la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) et la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC) ont récemment nommé les anciens présidents kényan Uhuru Kenyatta et nigérian Olusegun Obasanjo, ainsi que l'ancien Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn "facilitateurs" d'un "processus de paix" en RDC.