Les bureaux de votes ont ouvert, samedi 26 août, à Libreville et dans le reste du pays. Les Gabonais votent pour décider s'ils confient ou non un troisième mandat au président Ali Bongo Ondimba. Ce dernier est opposé à 13 autres candidats. Choisi très tardivement par les principaux partis d'opposition, Albert Ondo Ossa, peu connu jusqu'alors, amassent d’importantes foules lors de ses meetings.
À l'ouverture du scrutin à 07h00 (06h00 GMT), quelques personnes attendaient devant cinq bureaux de vote dans des écoles et des lycées du centre de Libreville. Les rues, pavoisées aux seules couleurs du camp Bongo, étaient encore quasi-désertes.
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Près de 850.000 électeurs inscrits sur 2,3 millions d’habitants de ce petit pays d'Afrique centrale, riche de son pétrole, sont appelés à voter pour trois élections : présidentielle, législatives et municipales.
Albert Ondo Ossa promet de "chasser" du pouvoir par les urnes le président et son tout-puissant Parti démocratique gabonais (PDG). Il entend mettre un terme à une "dynastie Bongo" à la tête depuis plus de 55 ans d'un pouvoir. L'opposition, unie depuis une semaine derrière ce professeur d'économie, l’accuse de mauvaise gouvernance et d'être gangrené par "la corruption." Ali Bongo, président depuis 14 ans, a été élu une première fois en 2009 après la mort de son père Omar Bongo Ondimba. Celui-ci dirigeait le pays depuis plus de 41 ans.
Se basant sur une conversation présumée, enregistrée à leur insu, entre Albert Ondo Ossa et un ténor de l'opposition, Ali Bongo a accusé, vendredi 25 août, son principal rival d'avoir tenu des propos pouvant être assimilés à un "crime de haute trahison". Il a promis des poursuites judiciaires. Sur cet enregistrement, les deux opposants appellent, selon lui, à des violences et au soutien d'"armées étrangères" pour s'emparer du pouvoir.
Albert Ondo Ossa, 69 ans était peu connu du grand public jusqu'alors. Il a été choisi par les principaux partis de l'opposition à huit jours du scrutin. Il n’en a eu que six pour battre la campagne quand Ali Bongo, 64 ans, mène tambour battant depuis plusieurs mois une tournée très médiatisée dans tout le pays, avec des moyens considérables. "Ceux de l’État" accuse l'opposition. Le chef de l’État a rassemblé systématiquement des milliers voire des dizaines de milliers de supporters. Albert Ondo Ossa, durant sa campagne marathon, a toutefois drainé par endroit des foules comparables.
Les scrutins présidentiel et législatifs sont regroupés en un seul vote par le truchement d'un bulletin unique pour les candidats à la présidentielle et à la députation issus d'un même parti. Un "bulletin inique", vocifère l'opposition. Elle dénonce une "manœuvre frauduleuse" pour favoriser le camp Bongo en bafouant "la liberté de vote" et "la séparation des pouvoirs."
La principale plateforme de l'opposition, Alternance 2023, s'est rangée à la surprise générale derrière Albert Ondo Ossa, un candidat indépendant. Cinq autres se sont désistés à son profit, dont au moins deux ténors adossés à des partis solidement implantés. Depuis, la quasi-totalité des autres plateformes et personnalités de l'opposition, ainsi que et d'importantes organisations de la société civile, ont appelé à voter pour lui.
Ce professeur d'université agrégé d'économie, ancien ministre d'Omar Bongo, exhorte les Gabonais à "ignorer" les législatives pour se concentrer sur la présidentielle, "seul enjeu des élections." Car, en tant qu'"indépendant", donc sans parti, le bulletin unique à son nom ne comprend pas de prétendant à la députation.
L'opposition a déjà critiqué une "modification des règles du jeu" il y a cinq mois pour tailler une réélection sur mesure au sortant. Elle dénonce le retour du scrutin de deux à un tour, gagnable donc à la majorité relative pour Ali Bongo face à une opposition dispersée entre treize candidats. En 2016, Ali Bongo a été réélu laborieusement avec 5.500 voix seulement d'avance sur l'opposant Jean Ping, qui dénonçait des "fraudes."
Pour les législatives, l'appel de l'opposition à les "ignorer" mais aussi l'omnipotence du PDG, parti unique jusqu'en 1990 puis archi-dominant, devraient lui assurer une victoire massive. Il jouit déjà d'une écrasante majorité à l'Assemblée nationale sortante. Albert Ondo Ossa a promis de dissoudre la nouvelle chambre basse s'il est élu président.
Ali Bongo a été victime d’un AVC en octobre 2018. Il est, par conséquent, resté de longs mois invisible. Une partie de l'opposition continue, bientôt cinq ans après, de mettre en doute ses capacités physiques et intellectuelles à diriger le pays. La majorité, elle, dénonce des campagnes centrées sur sa santé, "sans aucun autre programme."
Le Gabon est l'un des pays les plus riches d'Afrique en PIB par habitant, grâce notamment à son pétrole, son manganèse et son bois. Mais, malgré des efforts du régime, il ne parvient pas à diversifier suffisamment, selon la Banque mondiale, une économie qui importe quasiment tout.