
Les combats entre le M23 et les forces armées congolaises dans l’est de la République démocratique du Congo ont conduit de nombreux pays et institutions à prendre des sanctions contre le Rwanda, allié du groupe armé M23. Tour d’horizon.
Communiqués qui se multiplient, aides suspendues... La pression internationale est de plus en plus manifeste contre le Rwanda. Le pays est allié au groupe armé M23, en pleine offensive dans l’est de la RD Congo.
Le Rwanda n'a jamais admis son soutien militaire au groupe armé M23. Cependant, un rapport d'experts de l'ONU publié en juillet 2024 estime qu'environ 4 000 hommes des forces rwandaises sont déployés dans l'est de la RD Congo. Kinshasa accuse Kigali de vouloir piller ses nombreuses richesses naturelles dans la région. Le Rwanda nie et affirme vouloir éradiquer des groupes armés, notamment créés par d'ex-responsables hutu du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, qui selon lui menaceraient sa sécurité.
Le 21 février 2025, l'Union européenne annonce la convocation de l’ambassadeur du Rwanda auprès de l’UE. Elle condamne l’offensive du M23 et exhorte le Rwanda “et toutes les parties au conflit à cesser immédiatement les hostilités et à revenir au dialogue”.
La veille, le ministère allemand des Affaires étrangères convoquait l’ambassadeur rwandais à Berlin. Selon lui, la présence des troupes rwandaises en RD Congo constitue “une violation du droit international”. Ce mardi 4 mars, l’Allemagne annonce suspendre ses nouvelles aides au développement au Rwanda.
Le 3 mars, le ministère canadien des Affaires étrangères publie un communiqué dans lequel il condamne “la présence de la Force de défense du Rwanda en RD Congo et son soutien au M23”. Il affirme que la présence du Rwanda chez son voisin "constitue une violation flagrante de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de la RD Congo et de la Charte des Nations Unies."
Le texte publié annonce également la suspension de nouveaux projets économiques gouvernementaux et "la délivrance de permis pour l'export au Rwanda de biens et technologies réglementés". Sa participation à des événements qui se tiendraient au Rwanda est remise en cause.
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Le 25 février, le Royaume-Uni annonce une suspension de l’aide financière directe. Les fonds destinés au Rwanda seront suspendus "en l'absence de progrès significatifs", à l'exception des programmes britanniques destinés aux personnes "les plus pauvres et les plus vulnérables" dans le pays. Le Royaume-Uni a également déclaré qu'il prévoyait de "se coordonner avec ses partenaires sur de potentielles nouvelles sanctions".
Que répond le Rwanda face aux sanctions ?
"Toute discussion sur des mesures punitives et des sanctions contre le Rwanda ne peut nous dissuader de protéger nos frontières et notre population", déclare le 28 février 2025 le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, à l'association des correspondants de l'ONU (ACANU).
"Le Rwanda ne craint pas d'être isolé. Nous sommes face à une menace existentielle émanant d'une force génocidaire", affirme-t-il avant d'ajouter : "Donc l'isolement diplomatique n'est vraiment pas un souci."
Par ailleurs, le 3 mars, le ministère affirme dans un communiqué que les "mesures contre le Rwanda annoncées par le Canada ne résoudront pas le conflit."
Les États-Unis ont également annoncé des sanctions financières. Elles visent spécifiquement James Kabarebe, le ministre rwandais de l'Intégration régionale. Il est accusé d’”orchestrer le soutien” du Rwanda au Mouvement du 23 mars (M23) dans l’est de la RD Congo.
Le communiqué du ministère américain des Finances souligne que James Kabarebe est une “personnalité politique et militaire de premier plan qui a joué un rôle essentiel dans les conflits en RD Congo ces trois dernières décennies”.
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Sans prendre de sanctions, le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies a condamné le 22 février le Rwanda pour son soutien à l'offensive du M23. Il réclame le retrait "immédiat" de ses troupes. La résolution "condamne fermement l'offensive et l'avancée en cours du M23 au Nord-Kivu et au Sud-Kivu avec le soutien des forces de défense rwandaises". Elle a été adoptée à l'unanimité.
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De son côté, l’Union européenne a déjà suspendu ses consultations en matière de défense avec le Rwanda. Lundi 24 février, réunis au Parlement européen pour décider de sanctions contre Kigali, les ministres des Affaires étrangères ont exhorté le Rwanda à retirer ses troupes de RD Congo. Mais le Luxembourg s’est opposé à la résolution, qui devait être votée à l’unanimité.
Des sanctions individuelles contre neuf individus et une entité étaient envisagées, ainsi que le gel des 20 millions d'euros débloqués par l'UE en novembre dernier dans le cadre de la facilité européenne pour la paix, destinés à financer les forces rwandaises dans la province de Cabo Delgado au Mozambique.
Le prochain Conseil des ministres européens aura lieu le 17 mars. Le sujet pourrait revenir sur la table.