Guerre en RDC: l'ONU accuse l'armée rwandaise d'avoir joué "un rôle déterminant" aux côtés du M23

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Mis à jour le
4 juillet 2025 à 11:27
par Jean-Luc Eyguesier avec AFP

Selon des experts de l'ONU, l'armée rwandaise a joué "un rôle déterminant" dans l'est du pays, au côté du M23, lors de l'offensive de janvier-février. Ils mentionnent également un "positionnement en première ligne" des troupes de Kigali.
 

L'armée rwandaise a joué "un rôle déterminant" dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), au côté du groupe armé antigouvernemental M23, dans l'offensive qui a conduit à la chute en janvier-février des grandes villes de Goma et Bukavu, selon des experts de l'ONU.

Le rapport semestriel de ces chercheurs mandatés par le Conseil de sécurité des Nations Unies, consulté mercredi par l'AFP et qui doit être publié dans les prochains jours, intervient quelques jours après la signature le 27 juin à Washington d'un accord de paix par Kinshasa et Kigali. 

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"Les opérations des FDR ont joué un rôle déterminant dans la conquête et l'occupation de nouveaux territoires et villes", soulignent les experts de l'ONU, ajoutant que leurs conclusions se basent sur des photos et des vidéos authentifiées prises notamment par drone, ainsi que sur des témoignages et du renseignement.

"Un engagement direct dans les combats"

Une rencontre entre le président congolais Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame doit avoir lieu dans les prochains mois. Parallèlement, une tentative de médiation entre Kinshasa et le M23 est en cours depuis plusieurs mois à l'initiative du Qatar.

Ce qui se passe entre la RDC et le Rwanda, c'est entre les deux États. Nos problèmes sont différents de ce qui a été traité à Washington. Nous croyons en Doha et nous y allons pour la paix.

Benjamin Mbonimpa, secrétaire exécutif du M23

L'accord de Washington, qualifié d'"étape importante" pour la paix par l'Union africaine ainsi que les Nations unies, intervient après une longue série de trêves et de cessez-le-feu systématiquement rompus ces dernières années.

Riche en ressources naturelles et notamment en minerais, l'Est congolais est en proie depuis plus de 30 ans à des conflits. Les violences se sont intensifiées au cours des derniers mois dans cette région frontalière du Rwanda, avec une offensive éclair du M23 et des troupes rwandaises (FDR) sur Goma et Bukavu, face à une armée congolaise dépassée.

Des rebelles du M23 escortent des soldats et des policiers du gouvernement qui se sont rendus dans un lieu tenu secret à Goma, en République démocratique du Congo, le jeudi 30 janvier 2025.

Des rebelles du M23 escortent des soldats et des policiers du gouvernement qui se sont rendus dans un lieu tenu secret à Goma, en République démocratique du Congo, le jeudi 30 janvier 2025. 

(AP Photo/Moses Sawasawa)

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Ces violences ont fait des milliers de morts, selon le gouvernement congolais et l'ONU, et aggravé une crise humanitaire pour des centaines de milliers de déplacés.

Une semaine avant l'attaque de Goma, des responsables rwandais ont confidentiellement informé le groupe (d'experts des Nations unies sur la RDC) que le président (rwandais) Paul Kagame avait décidé de prendre immédiatement le contrôle de Goma et de Bukavu.

Experts de l'ONU
 

Décrivant des "incursions systématiques et massives" à la frontière entre les deux pays, les experts de l'ONU mentionnent également un "positionnement en première ligne" des troupes rwandaises ainsi qu'un "engagement direct dans les combats" soutenu par une utilisation d'armes de haute technologie.

Bukavu

Les rebelles du M23 pénètrent dans le centre de Bukavu, la deuxième plus grande ville de l'est du Congo, et prennent le contrôle du bureau administratif de la province du Sud-Kivu, le dimanche 16 février 2025. 

@AP Photo/Janvier Barhahiga

"Des mesures défensives" selon Kigali

Dans de précédents rapports, le groupe d'experts de l'ONU avait déjà pointé la responsabilité du Rwanda, par des opérations militaires, dans le conflit dans l'est de la RDC.

Kigali n'a jamais explicitement reconnu sa présence militaire dans la région, se limitant à justifier le maintien de "mesures défensives" en raison de la présence des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), créées par d'anciens dirigeants hutu liés au génocide rwandais de 1994 et considérées par le Rwanda comme une "menace existentielle".

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Le dernier rapport des experts de l'ONU "déforme délibérément les préoccupations sécuritaires de longue date du Rwanda liées à la menace persistante que représentent les FDLR", a réagi mercredi sur X la porte-parole du gouvernement rwandais Yolande Makolo.