Lors de la 44e session de la conférence ministérielle de la francophonie, Nabil Ammar, le ministre tunisien des Affaires étrangères, a évoqué la situation à Gaza dans son discours d’ouverture. Il a aussi accordé un entretien exclusif à TV5MONDE.
TV5MONDE : Comment abordez-vous cette conférence ministérielle de la francophonie qui se déroule ici au Cameroun ?
Nabil Ammar, ministre tunisien des Affaires étrangères : Je l’aborde avec un esprit constructif, dans la lignée du dernier sommet de Djerba et dans un contexte international qui est mis au défi, qui est très tendu. Et au milieu de ce contexte, il y a une situation catastrophique à Gaza et en rupture totale avec tous les épisodes passés, malheureusement.
TV5MONDE : Israël et la Palestine ne font pourtant pas partie de l’espace francophone...
Nabil Ammar : Il est absolument inconcevable que la francophonie, avec les valeurs qu’elle prône et les valeurs sur lesquelles elle est fondée, soit inaudible et silencieuse par rapport à ce qu’il se passe pour des dizaines de milliers de familles à Gaza. C’est impensable. Ce silence était assourdissant et il fallait absolument le rompre. J’ai essayé de le faire en communication téléphonique avec Madame la Secrétaire générale de l'Organisation internationale de la francophonie, Louise Mushikiwabo, il y a quelques jours. Mais j’ai réitéré cet appel auprès du groupe des ambassadeurs africains à Tunis avant de venir et aujourd’hui dans mon allocution d’ouverture.
TV5MONDE : Êtes-vous satisfait de la façon dont cette problématique est abordée aujourd’hui ici et par l’écho qu’en a fait la Secrétaire générale de la francophonie qui a rappelé que toute vie humaine est sacrée ?
Nabil Ammar : Je vous rappelle que toute la salle a applaudi. Ensuite, cela touche à la sécurité, à la stabilité et cela interpelle les valeurs sur lesquelles la francophonie est bâtie. Si aujourd’hui, on parle de décrédibilisation ou de mise au défi des valeurs onusienne, il ne faut pas qu’une autre organisation régionale importante comme la francophonie, perde son âme en étant silencieuse par rapport à ce qu’il se passe.
TV5MONDE : Est-ce que vous qualifiez, comme bon nombre de pays, les actions du Hamas du 7 octobre contre des populations civiles dans le sud d'Israël, de "terroristes" ?
Nabil Ammar : Nous l’avons dit plusieurs fois, la Tunisie n’entre pas dans ces débats de qui représente les Palestiniens. La Tunisie parle du peuple palestinien, de ses droits absolus et imprescriptibles à recouvrir ses terres et à vivre en paix sur ses terres et à ce que la légalité internationale s’applique aux Palestiniens comme elle s’applique aux autres peuples du monde.
TV5MONDE : Vous n'avez pas répondu précisément. Comment qualifiez-vous ces actions faites par le Hamas, qualifiées par une bonne partie de la communauté internationale de "terroristes" ?
Nabil Ammar : Je vous ai répondu d’une façon très précise. Je vous dis ce que je pense de cette question-là, ce que la Tunisie pense de cette question-là. C’est le recouvrement des droits d’un peuple spolié qui court derrière le minimum depuis 75 ans. Et personne n’en parle. C’est quand même incroyable. Essayez de renverser cette logique et de l’appliquer à d’autres peuples et vous verrez l’incongruité, et vous verrez l’impossible être défendable.