Nigeria et France vont développer leur coopération économique, se sont promis leurs présidents respectifs. La rencontre à l'Élysée s'est conclue ce 28 novembre sans grande annonce concrète, mais avec la promesse d'un prêt de 330 millions d'euros par l'Agence française du développement.
La visite d'État à Paris du président nigérian Bola Tinubu, une première depuis 24 ans, a été marquée par trois déclarations d'intention ou de partenariat, et par l'annonce d'une implantation prochaine d'une cinquième banque nigériane en France, la United Bank of Africa.
Le président français Emmanuel Macron a affirmé que d'autres avancées suivraient rapidement.
"Nous avons défini plusieurs lignes d'actions nouvelles pour l'investissement des entreprises françaises au Nigeria, dans le domaine de l'énergie, des métaux rares et minéraux critiques, nécessaires au développement des nouvelles technologies et, en particulier, des nouvelles industries décarbonées, dans le numérique, des industries culturelles et créatives, dans le secteur de la défense (...), de la santé", a-t-il énuméré devant la presse, sans plus de précision.
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"Nous devons faire davantage, promouvoir davantage les investissements dans des domaines très importants", a renchéri le président Tinubu, en appelant en premier lieu à investir "dans le programme de sécurité alimentaire" mis en oeuvre au Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique (227 millions d'habitants, et 410 millions attendus en 2050, selon l'ONU) dont plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté.
Emmanuel Macron a fait état de prêts de l'Agence française de développement (AFD) pour "plus de 330 millions d'euros dès 2025" pour des projets "de sécurité alimentaire, de mobilité urbaine, d'enseignement supérieur, d'agriculture, de formation professionnelle et de changement climatique".
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Vendredi 29 novembre le président Tinubu poursuivra son plaidoyer en faveur des investissements dans son pays lors d'un forum avec le Medef, qui regroupe le patronat français.
Au-delà de la coopération économique, Emmanuel Macron a promis que "la France ferait tout son possible pour favoriser une meilleure inclusion du Nigeria dans les différentes enceintes de la gouvernance mondiale", au Conseil de sécurité de l'ONU, au Fonds monétaire international (FMI) et à la Banque mondiale.
Sur le plan culturel, un "Forum Creation Africa" destiné à rapprocher et soutenir les acteurs culturels français et africains se tiendra au second semestre 2025 à Lagos, la capitale économique du Nigeria, après une première édition à Paris en 2023, a indiqué Emmanuel Macron. De son côté, Bolo Tinubu s'est dit, sans élaborer davantage, "prêt à un partenariat avec la France pour une opération de sécurité très robuste qui arrêtera les migrations" clandestines.
Confrontée à la concurrence de la Chine, de l'Inde ou de la Turquie, la France voit son poids dans les échanges avec l'Afrique sub-saharienne diminuer, même s'il reste important. Le Nigeria est la quatrième économie d'Afrique en matière de produit intérieur brut (PIB), selon le FMI, après en avoir été la première de 2014 à 2022. L'an dernier, le Nigeria était le premier partenaire commercial de la France en Afrique subsaharienne.
Les relations avec les Nigérians "incarnent le changement de méthode que l'on veut impulser", car "ils sont courtisés par tout le monde et veulent un partenariat d'égal à égal, pas une approche 'donneur de leçon'", notamment sur les droits humains, estimait récemment une source diplomatique française.
Le géant africain est pourtant critiqué par plusieurs ONG pour les atteintes aux droits humains commises par ses forces de sécurité contre sa population, notamment dans le cadre de la lutte contre les groupes djihadistes Boko Haram et Etat islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap), dans le nord de son territoire.
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La France a pour sa part longtemps été engagée militairement dans la lutte contre les mouvements islamistes au Mali, au Burkina Faso et au Niger, avant d'être priée de retirer ses forces de ces pays à la suite d'une succession de coups d'État militaires.