Le Sénégal est entré dans le cercle des pays producteurs d'hydrocarbures. La compagnie australienne Woodside Energy a annoncé le début de l'extraction de pétrole du champ de Sangomar au large des côtes africaines. Le pays espère obtenir de l'exploitation des hydrocarbures un milliard d'euros par an sur trente ans.
Le champ en eaux profondes, à environ 100 km au sud de Dakar, contient du pétrole et du gaz. Le projet, dont le développement a été lancé en 2020, a nécessité environ 5 milliards de dollars d'investissements, selon la compagnie. Il vise une production de 100.000 barils par jour.
Cette première extraction de Sangomar précède l'entrée en production d'un autre projet, celui de Grand tortue/Ahmeyim (GTA), à la frontière avec la Mauritanie, développé par le Britannique BP avec l'américain Kosmos Energy, la Société mauritanienne des hydrocarbures (SMH) et Petrosen. Il devrait produire environ 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par an. La production pourrait débuter au troisième trimestre.
La production de pétrole et de gaz au Sénégal sera destinée à l'exportation et à la consommation domestique. Elle n'atteindra probablement pas les niveaux des géants mondiaux et africains comme le Nigeria. Mais des revenus en milliards de dollars sont attendus, ainsi qu'une transformation accélérée de l'économie.
"Le début de l'extraction du champ de Sangomar marque le commencement d'une nouvelle ère, non seulement pour l'industrie et l'économie de notre pays, mais surtout pour notre peuple", dit le directeur général de Petrosen Exploration et Production, Thierno Ly, dans le communiqué de Woodside.
Lire : que sait-on des accords gaziers et pétroliers que le président Diomaye Faye veut renégocier ?
La patronne de la compagnie australienne, Meg O’Neill, parle quant à elle de "jour historique pour le Sénégal et pour Woodside". La découverte de vastes gisements de pétrole et de gaz dans l'Atlantique depuis 2014 a soulevé des espoirs considérables. Les revenus attendus du gaz et du pétrole sont chiffrés, par Petrosen, à une moyenne annuelle de plus d'un milliard d'euros, sur une période de trente ans.
Cette découverte a aussi suscité la crainte que le pays ne connaisse, comme d'autres, la "malédiction" du pétrole, avec une manne alimentant la corruption sans profiter à la population.
Le Sénégal revendique avec force l'exploitation de ses ressources en gaz et en pétrole face aux efforts d'une partie de la communauté internationale pour réduire la dépendance aux énergies fossiles.
La production à venir de gaz et de pétrole, plusieurs fois reportée, a été un thème majeur de la récente campagne présidentielle. L'ex-candidat antisystème, désormais président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, se réclame d'un souverainisme et d'un panafricanisme de gauche.
Le camp de Bassirou Faye a fait campagne sur la promesse de revoir ou renégocier les accords pétroliers et gaziers, miniers ou de pêche passés par l'ancienne administration et jugés défavorables au Sénégal.
Le nouveau président, investi en avril, a annoncé parmi ses premières mesures un audit du secteur minier, gazier et pétrolier. Le Premier ministre et ancien mentor de M. Faye, Ousmane Sonko, a réaffirmé dimanche la volonté de revoir les contrats.
"C’est nous qui vous avions promis qu’on allait renégocier les contrats et nous allons le faire, et on a même déjà commencé", a-t-il déclaré devant les jeunes de son parti à Dakar.
La phase initiale de Sangomar consiste en une unité flottante de production et de stockage, reliée à des infrastructures sous-marines, conçues en prévision de phases ultérieures de développement. Elle comprend 23 puits, dont 11 de production, 10 d'injection d'eau et 2 d'injection de gaz, indique Woodside. Vingt-et-un puits sont achevés, dit-elle.
Cette phase initiale produira à partir des réserves les moins complexes et testera d’autres réservoirs, dit-elle.