Trois cadres étrangers de la compagnie australienne Resolute, propriétaire d'une mine d'or au Mali, ont été interpellés à Bamako et placés en garde à vue pour être interrogés, a-t-on appris de sources judiciaire et industrielle samedi.
C'est la deuxième fois en un peu plus d'un mois que des employés d'une compagnie minière étrangère sont inquiétés. Ces sociétés sont soumises à des pressions accrues de la junte qui a accédé au pouvoir par la force en 2020 et accorde une attention particulière aux revenus juteux de l'industrie minière.
Les trois cadres ont été interpellés vendredi dans un hôtel de la capitale Bamako et conduits le même jour au pôle spécialisé installé sous la junte avec pour vocation de combattre la corruption et la délinquance économique et financière, a-t-on appris de source judiciaire.
Ils sont interrogés en garde à vue dans une affaire de faux présumés et d'atteinte aux biens publics, a dit un responsable de la société s'exprimant sous le couvert de l'anonymat pour ne pas causer de tort à la compagnie.
Il a réfuté les soupçons, mais a indiqué que les tentatives de convaincre les enquêteurs avaient pour le moment échoué.
Un porte-parole de la société a indiqué n'avoir "aucun commentaire" à faire.
Resolute détient 80% des parts de la filiale propriétaire de la mine de Syama (sud-ouest), les 20% restants étant entre les mains de l'Etat malien, indique le site de la compagnie. Resolute est aussi propriétaire du site de production d'or de Mako, au Sénégal voisin, et est engagée dans l'exploration dans ces deux pays et en Guinée, également en Afrique de l'Ouest.
Les autorités maliennes ont fait de la lutte contre la corruption et de la restauration de la souveraineté nationale sur les ressources naturelles leurs mantras.
Le Mali, l'un des pays les plus pauvres au monde par ailleurs confronté au djihadisme et à une crise multidimensionnelle, est aussi l'un des premiers producteurs d'or en Afrique. L'or contribue à un quart du budget national et trois quarts des recettes d'exportation.
Les compagnies étrangères qui dominent le secteur minier ont fait les frais dernièrement de l'effort accru de contrôle de la part de la junte.
Quatre employés de la compagnie canadienne Barrick Gold ont été détenus plusieurs jours fin septembre, puis relâchés.
Barrick Gold a indiqué avoir trouvé un accord avec l'Etat et avoir versé en octobre 50 milliards de FCFA (80 millions d'euros). Mais l'Etat a assuré fin octobre que Barrick Gold n'avait pas tenu ses engagements et a menacé de s'en prendre à elle.
Le surcroît de pression exercé sur les compagnies étrangères a coïncidé avec le pivot stratégique opéré par la junte en direction de la Russie.