Le chef du gouvernement malien écoute les médias étrangers, y compris interdits, pour contrer les tentatives de manipulation et savoir ce qui lui est "caché" dans son propre pays, indiquent ses services.
Choguel Kokalla Maïga a déclaré il y a quelques jours consacrer une heure et demie tous les matins à la lecture de la presse et l'écoute de radios étrangères, dont Radio France Internationale, la BBC ou Voice of America (VOA), selon une vidéo postée sur les réseaux sociaux à l'occasion d'une rencontre avec une délégation bamakoise.
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Ces propos ont suscité l'étonnement car la radio publique française RFI a été interdite en 2022 par la junte en même temps que la chaîne française d'information internationale France 24, sur fond de dégradation aiguë des relations avec l'ancien allié historique français. RFI, très suivie, a pris des dispositions techniques pour contourner l'interdit et continuer à être écoutée.
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Si Choguel Maïga, l'une des voix du régime les plus ardentes à dénoncer ce qu'il qualifie d'entreprises extérieures de déstabilisation, écoute des radios étrangères, c'est pour connaître et "contrer toutes les informations qui sont déversées sur les populations du Mali, de l'AES et de l'Afrique par les radios étrangères (RFI, VOA, BBC, Radio Canada etc) à l'effet de manipuler les peuples", dit un conseiller spécial du Premier ministre, Abdoulaye Kone, dans un message publié sur les réseaux sociaux.
L'AES ou Alliance des États du Sahel est une alliance stratégique formée en 2023 avec le Burkina Faso et le Niger, également gouvernés par des militaires à la suite de coups d'État. A travers ces écoutes, je m'informe sur tout ce qui m'est caché ou se fait sans moi au Mali", dit Choguel Maïga dans le message de son conseiller.
Pour bien gouverner, il faut être informé. Choguel Kokalla Maïga, Premier ministre malien
Les militaires maliens ont aussi sévi en 2024 contre les chaînes françaises France 2 et LCI et la chaîne francophone TV5 Monde.
Reporters sans frontières décrit très sombrement l'état général de la presse au Sahel, en passe de devenir "la plus grande zone de non-information de l'Afrique".