La brouille entre le Niger et le Bénin va crescendo. Jeudi 13 juin, la télévision publique nigérienne a fait savoir que le régime militaire de Niamey a fermé, depuis le 6 juin, les vannes du pipeline qui achemine le pétrole du nord-est nigérien au port béninois de Sèmè-Kpodji.
"Du 11 au 12 juin 2024", le ministre nigérien du Pétrole, Mahaman Moustapha Barké, a séjourné dans l'Agadem "pour s'assurer de l'effectivité de la mise en œuvre des instructions du chef de l'État, le général Abdourahamane Tiani, relative à la fermeture totale des vannes du brut destiné à l'exportation" via le Bénin, a précisé Télé Sahel.
À la station de Mélec, le ministre "a constaté que les vannes sont effectivement fermées depuis le 6 juin à 22 heures (21 heures GMT)", a-t-elle ajouté.
Au niveau des autres stations de Koulélé où le pétrole a continué à couler vers le Bénin même après les "mesures d'arrêt des vannes", le ministre "a exigé" leur fermeture immédiate. Des chaines, des cadenas et des scellés ont été posés sur toutes les vannes.
"Quelque soit ce que cela va nous coûter, nous sommes prêts à assumer", a déclaré Mahaman Moustapha Barké devant des responsables nigériens et partenaires chinois des stations.
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Ce pétrole est essentiel pour les économies des deux pays et pour l'entreprise chinoise Wapco qui l'exploite. La semaine dernière, cinq ressortissants nigériens de Wapco-Niger ont été arrêtés au port de Sèmè-Kpodji. Niamey a qualifié cet acte de kidnapping et assuré être prêt à "prendre toutes les dispositions pour obtenir la libération sans conditions de ses citoyens pris en otages." Selon Niamey, l’équipe était en mission au Bénin pour contrôler le chargement de pétrole.
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La justice béninoise estime de son côté qu'au moins deux d'entre eux sont "des agents nigériens", entrés sur le site avec de faux badges. Les cinq personnes devaient être présentées à un procureur, jeudi 13 juin.
"On ne peut pas accepter d'être assis pendant que notre pétrole est en train d'être volé par d'autres personnes" parce que "nous ne sommes pas présents là où on doit le charger" a déploré Mahaman Moustapha Barké.
Les relations entre les deux voisins, tendues depuis le coup d'État militaire qui a renversé, en juillet 2023, le président nigérien élu, Mohamed Bazoum, se sont nettement envenimées ces dernières semaines. Le principal point d’achoppement concerne le refus du Niger de rouvrir sa frontière.
Niamey a rouvert sa frontière avec le Nigéria après la levée des sanctions régionales imposées pendant plusieurs mois après le putsch mais refuse de faire de même avec le Bénin.
Le régime accuse son voisin d'abriter "des bases françaises" dans sa partie nord afin "d'entraîner des terroristes" qui voudraient déstabiliser le Niger. La France comme le Bénin nient ces affirmations.