Ouganda: l'opposant Bobi Wine, blessé par une grenade lacrymogène, sort de l'hôpital

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Ouganda: l'opposant Bobi Wine, blessé par une grenade lacrymogène, sort de l'hôpital (1)
AFP/Archives
Mise à jour le
4 septembre 2024 à 20:43
par AFP

L'emblématique opposant ougandais Bobi Wine, légèrement blessé par une grenade lacrymogène mardi, a subi une intervention chirurgicale pour retirer des fragments dans sa jambe et a quitté l'hôpital, a annoncé mercredi le maire de la capitale Kampala.

L'ancien chanteur âgé de 42 ans, de son vrai nom Robert Kyagulanyi, avait été transféré à l'hôpital Nsyamba de la capitale mardi en fin de journée après avoir été blessé lors d'une confrontation avec la police dans la localité de Bulindo, à une vingtaine de kilomètres de Kampala.

Son parti, la Plateforme d'unité nationale (NUP), avait affirmé qu'il avait été "sérieusement blessé" et dénoncé une "nouvelle tentative contre la vie de (son président) menée par le régime" du président Yoweri Museveni, qui dirige l'Ouganda d'une main de fer depuis 1986.

Son avocat George Musisi a indiqué mercredi matin qu'il avait été touché par une grenade lacrymogène.

Dans un communiqué publié mercredi soir, M. Wine a indiqué : "Après avoir subi une légère intervention chirurgicale pour retirer les corps étrangers qui étaient restés dans ma jambe, j'ai décidé de rentrer chez moi aujourd'hui pour ma sécurité".

"Je continuerai à être soigné chez moi", a-t-il ajouté, accusant les "agents de sécurité" d'avoir harcelé les médecins qui le soignaient.

Des images diffusées sur les réseaux sociaux ont montré M. Wine, avec un bandage à la jambe, poussé dans un fauteuil roulant par le personnel de l'hôpital.

La police a annoncé mardi soir l'ouverture d'une enquête "pour clarifier les faits", indiquant que les forces de l'ordre sur les lieux ont affirmé que Bobi Wine avait "trébuché en montant dans son véhicule".

La confusion s'est installée alors qu'une foule se rassemblait à Bulindo, où l'opposant avait notamment rendu visite à George Musisi.

Selon l'avocat, "la police a commencé à tirer sans discernement des grenades lacrymogènes et des balles réelles pour disperser la foule".

Bobi Wine, qui s'apprêtait à quitter les lieux, "est sorti du véhicule pour demander à la police ce qui se passait et pourquoi ils tiraient. Il a été visé par une grenade lacrymogène qui a explosé, le blessant à la jambe", a-t-il expliqué.

"Agression policière injustifiée"

Mardi soir, la police affirmait être intervenue après que "Bobi Wine et son équipe (...) se sont lancés dans un cortège", malgré ses mises en garde.

Un autre opposant ougandais, Kizza Besigye, a dénoncé sur X une "agression policière totalement injustifiée contre les dirigeants politiques de +l'opposition+".

Cet ancien médecin personnel de M. Museveni qui s'est présenté à quatre reprises contre lui à la présidentielle (2001, 2006, 2011, 2016) a dénoncé les "violations continues et généralisées des droits humains" de la police ougandaise.

Washington, par la voix du porte-parole du département d'Etat américain Matthew Miller, a exprimé sa "préoccupation" face au "rétrécissement de l'espace démocratique en Ouganda".

Bobi Wine est le visage de l'opposition au président Yoweri Museveni (79 ans), qui affirme porter les aspirations de la jeunesse face à un régime qu'il qualifie d'autoritaire, corrompu et vieillissant.

Il a été arrêté ou assigné à résidence à de multiples reprises ces dernières années et les rassemblements de ses partisans régulièrement dispersés, parfois violemment.