Pascaline Bongo face à la justice en France pour des soupçons de corruption

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Mis à jour le
30 janvier 2024 à 13:20
par TV5MONDE AFP

Le procès de Pascaline Bongo, fille aînée du défunt président gabonais Omar Bongo et sœur du président déchu Ali Bongo, s'est ouvert lundi 29 janvier devant le tribunal correctionnel de Paris.

La tête recouverte d'un foulard bleu, en long manteau marron, Pascaline Bongo, 67 ans, est jugée pour des soupçons de corruption passive au Gabon en 2010 et 2011.

Elle doit être interrogée ce mardi 30 janvier. Au premier jour d'audience, les différents avocats de la défense dont le conseil de Pascaline Bongo, Me Corinne Dreyfus-Schmidt, ont plaidé pour la nullité de la procédure, arguant notamment de la prescription des faits reprochés aux prévenus. Ils ont également plaidé l'incompétence, selon eux, du tribunal pour juger une affaire "gabonaise".

Après en avoir délibéré, le tribunal a décidé de "joindre au fond" ces demandes, c'est-à-dire de les trancher à l'issue du procès.

Directrice de cabinet de son père Omar Bongo

Directrice de cabinet de son père jusqu'à sa mort en 2009 puis collaboratrice de son frère Ali, renversé par un coup d’État en août dernier, Pascaline Bongo est soupçonnée d'avoir accepté d'intervenir en faveur de la société française Egis Route dans l'attribution de marchés publics contre la promesse de huit millions d’euros.

"Pascaline Bongo n'est pas le Gabon. C'est une femme seule", a soutenu son avocate à la barre, contestant la compétence de la justice française pour "juger des faits qui datent de 14 ans, au Gabon et par une personne de nationalité gabonaise".

À l'époque des faits, a souligné Me Dreyfus-Schmidt, Pascaline Bongo "n'est plus rien, elle n'est pas à la tête de l’État".

Une rétrocommission de huit millions d'euros ?

"Nous ne serions pas ici s'il ne s'agissait pas de Pascaline Bongo. Elle est poursuivie dans l'affaire des biens mal acquis parce que c'est la fille de son père, et ici parce que c'est la sœur de son frère, Ali Bongo, président", a affirmé l'avocate hors de la salle d'audience. "Il y a un nombre incalculable de problèmes dans ce dossier sur les qualifications juridiques", a-t-elle estimé.

Selon le quotidien Libération qui a dévoilé l'affaire, Pascaline Bongo aurait accepté un "partenariat fictif" pour qu'Egis participe à la création de l'Agence nationale des grands travaux du Gabon via un marché public de consulting.

Cette structure, créée par Ali Bongo après son arrivée à la tête du Gabon, supervisait les chantiers d'infrastructures (routes, stades) et les projets immobiliers publics.

 "Pas d'acharnement"

Sur le banc des prévenus aux côtés de Pascaline Bongo, comparaissent Egis Route, représenté par son directeur général, deux de ses anciens cadres et son directeur commercial, Christian Laugier, anciennement chargé des activités Afrique et ex-directeur général du groupe.

Ces quatre prévenus poursuivis pour corruption active sont soupçonnés d'avoir proposé à Pascaline Bongo une rétrocommission de huit millions d'euros en échange d'un contrat.

Une avocate française, Danyèle Palazo-Gauthier, et l'homme d'affaires Franck Ping, fils de l'ancien ministre gabonais Jean Ping, comparaissent également pour complicité de corruption passive d'agent public étranger.

Selon Benjamin Mathieu, avocat de Franck Ping, son client ne se retrouve sur le banc des prévenus "qu'en raison de son nom". Son père, Jean Ping, 81 ans, a été un temps le compagnon de Pascaline Bongo.

Le parquet national financier (PNF) avait ouvert une enquête préliminaire en 2019 après la découverte "de curieux échanges, mails et documents évoquant l'affaire Egis" lors d'une perquisition au cabinet parisien de Mme Palazao-Gauthier dans le cadre du dossier dit des "biens mal acquis".

"Il n'y a pas de souci d'acharnement à l'égard de Mme Bongo", a assuré l'un des deux procureurs avant de demander au tribunal de rejeter les exceptions de nullité soulevées par la défense. Pascaline Bongo conteste tous les faits qui lui sont reprochés.