RD Congo : Kinshasa et le M23 déclarent vouloir "une trêve"

Image
RD Congo : Kinshasa et le M23 déclarent vouloir "une trêve" (1)
Mis à jour le
24 avril 2025 à 21:38
par TV5MONDE AFP

Le gouvernement congolais et le groupe antigouvernemental M23, qui mènent des pourparlers au Qatar, ont publié pour la première fois mercredi une déclaration conjointe dans laquelle ils disent vouloir "œuvrer à la conclusion d'une trêve". 

"Après des discussions franches et constructives, les représentants de la République démocratique du Congo (RDC) et de l'AFC/M23 ont convenu de travailler pour œuvrer à la conclusion d'une trêve", ont annoncé le M23 et le gouvernement de la RDC dans une déclaration commune diffusée à la télévision nationale congolaise ainsi que par le porte-parole du M23. 

(Re)voir : RD Congo : la nomination d'un nouveau médiateur divise

"Les deux parties réaffirment leur engagement en faveur d'une cessation immédiate des hostilités", engagement qu'elles entendent respecter "immédiatement" et "pendant toute la durée des pourparlers et jusqu'à leur conclusion", selon ce communiqué.

Le texte ne précise pas si cet engagement constitue une déclaration d'intention ou s'il sera formalisé dans l'immédiat. 

Les deux parties réaffirment leur engagement en faveur d'une cessation immédiate des hostilités.

Communiqué commun

L'est de la RDC, riche en ressources et frontalier du Rwanda, est en proie à des conflits depuis 30 ans. Mais la crise s'est intensifiée ces derniers mois avec la prise des grandes villes de Goma et Bukavu par le groupe armé antigouvernemental M23, soutenu par Kigali et son armée.

Depuis la résurgence du groupe armé fin 2021, le régime du président congolais Félix Tshisekedi a longtemps refusé de dialoguer directement avec le M23 et sa branche politique, l'Alliance fleuve Congo (AFC/M23), qu'il considère comme des pantins du Rwanda. 

(Re)voir : Emmanuel Macron évoque la situation dans le Sahel et l'est de la RD Congo

Le Qatar a récemment créé la surprise en s'imposant comme un nouveau médiateur dans la crise. Des pourparlers ont finalement débuté entre Kinshasa et le M23 à Doha en avril, mais ces échanges n'avaient fait l'objet d'aucune communication officielle des deux parties jusqu'à présent.

Le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, Majed Al-Ansari, a salué jeudi sur X la déclaration conjointe, en appelant les deux parties à poursuivre le dialogue pour parvenir "à un accord conforme aux aspirations du peuple congolais à la paix et au développement". 

(Re)lire : RDC : peur et criminalité à la nuit tombée en territoires M23

Une source proche des discussions a affirmé mercredi à l'AFP que les deux parties se préparaient "maintenant à un cycle de discussions plus approfondies pour (...) jeter les bases d'un règlement politique global". 

"Les deux parties devraient retourner à Doha pour de nouvelles discussions dans les semaines à venir", a ajouté cette source sous couvert d'anonymat, en raison du caractère sensible des pourparlers. 

Plus d'une demi-douzaine de cessez-le-feu et trêves ont été signés puis violés depuis fin 2021. Une myriade de groupes armés plus ou moins autonomes sont également présents dans les régions de l'Est congolais, et sont parfois utilisés comme proxys par Kinshasa ou les pays voisins. 

Toutes les tentatives diplomatiques de sortie de crise entre Kinshasa et Kigali ont jusqu'ici échoué. 

Si Doha n'a pas reçu de mandat pour agir dans ce conflit, l'émirat, qui a multiplié les efforts de médiation dans diverses crises (Darfour, Afghanistan, Yémen, Gaza), a signé ces dernières années plusieurs accords-cadres de coopération économique avec Kigali et Kinshasa.

(Re)voir : RD Congo : les pêcheurs du lac Kivu face à l'insécurité nocturne

Il a notamment investi plus d'un milliard de dollars dans un futur hub aéroportuaire près de Kigali et s'est engagé à moderniser des installations portuaires et aéroportuaires en RDC.

Le Rwanda n'a jamais explicitement reconnu la présence du groupe armé sur le sol congolais. Kigali admet toutefois des préoccupations sécuritaires le long de sa frontière avec la RDC et réclame notamment l'éradication des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), fondées par des Hutus rwandais responsables du génocide des Tutsis en 1994.