RD Congo : "Une guerre avec le Rwanda est possible", déclare le président Tshisekedi

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Mis à jour le
3 mai 2024 à 16:10
par TV5MONDE AFP

Dans un entretien accordé au quotidien français Le Figaro, le président congolais Félix Tshisekedi déclare qu'une guerre entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda "est possible".

"Bien sûr, qu'une guerre est possible, je ne vous le cache pas", met en garde Félix Tshisekedi, qui a commencé une visite officielle en France le 29 avril. "Ce pays, qui est notre voisin, viole notre territoire pour piller nos minerais critiques et terroriser nos populations", accuse le chef de l'État congolais, en dénonçant "l'inertie de la communauté internationale", à qui Kinshasa demande de prendre des sanctions contre le Rwanda.

Kigali dément

Kigali dément son implication mais la communauté internationale, dont la France et les États-Unis, estiment que le Rwanda soutient le M23 et a engagé des forces dans l'est.
"Le M23 n'est qu'une coquille vide! Il ne compte peut-être que 500 miliciens. Non, ce sont des militaires rwandais qui sèment la mort sur notre sol", déclare encore Félix Tshisekedi, qui estime avoir reçu lors de sa visite le soutien de Paris - qui entretient par ailleurs de bonnes relations avec Kigali.

Je veux reculer cette échéance (la guerre, ndlr) le plus loin possible car je préfère mettre toute notre énergie et nos richesses au profit du développement des 145 territoires de la RDC, plutôt que dans l'effort militaire. Félix Tshisekedi, président de la République démocratique du Congo

Interrogé sur la possibilité d'ouvrir des discussions avec son homologue rwandais Paul Kagame, il a rappelé que la médiation angolaise y travaillait. "Nos délégations vont se retrouver à Luanda ces jours-ci pour travailler et trouver un terrain d'entente. Moi, je demande une chose simple : que le Rwanda retire ses troupes du territoire congolais".

Neuf morts près de Goma

Les combats qui ravagent l'est de la RDC ont encore fait neuf morts le 3 mai dans un bombardement ayant touché un camp de déplacés de la périphérie de Goma. "J'ai vu neuf corps qui étaient devant moi", dont plusieurs enfants, a déclaré à l'AFP Dédesi Mitima, chef du quartier Lac Vert, à l'ouest du chef-lieu de la province du Nord-Kivu.

Voir RDC : après le M23, Goma craint les miliciens Wazalendo

Selon des témoignages, encore confus en début d'après-midi, des "bombes" sont tombées dans la matinée sur des huttes de déplacés de part et d'autre de la route menant de Goma à Saké, cité considérée comme un verrou stratégique à une vingtaine de km de la capitale provinciale.

Voir RD Congo : Jean-Pierre Bemba est à Goma

Appuyés par des unités de l'armée rwandaise, les rebelles du M23 (pour "Mouvement du 23 mars") ont repris les armes fin 2021 après plusieurs années de sommeil et se sont emparés de larges pans de territoire du Nord-Kivu, allant jusqu'à encercler presque entièrement Goma. La ville compte plus d'un million d'habitants et près d'un million de déplacés, arrivés par vagues successives depuis le début de l'offensive rebelle. 

Le Rwanda accusé

L'origine des bombardements de vendredi n'est pas clairement établie, mais le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a accusé sur X "l'armée rwandaise et ses supplétifs terroristes du M23" d'en être responsables. "L'horreur dans sa forme la plus grave ! Une bombe sur des civils, des morts, des enfants ! Nouveau crime de guerre !", a-t-il accusé.

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Appuyés par des unités de l'armée rwandaise, les rebelles du M23 (pour "Mouvement du 23 mars") ont repris les armes fin 2021 après plusieurs années de sommeil et se sont emparés de larges pans de territoire du Nord-Kivu, allant jusqu'à encercler presque entièrement Goma. La ville compte plus d'un million d'habitants et près d'un million de déplacés, arrivés par vagues successives depuis le début de l'offensive rebelle.