A l’Est de la RDC, les combats font rage entre l’armée congolaise et les membres du M23. Face aux dernières avancées du groupe armé, de jeunes volontaires issus de la société civile décident de combattre aux côtés des hommes des Forces armées de la République démocratique du Congo.
Depuis les dernières percées du M23 à l’Est de la RDC, l’atmosphère n’est plus la même dans la province du Sud-Kivu, à Bukavu située à 90 kilomètres du front. L’inquiétude a gagné une partie de la population. Ce vendredi, ils sont une centaine de jeunes à s'enrôler au sein des “Wazalendo” qui signifient les “patriotes” en swahili. Après leur enregistrement, ils suivront une formation militaire accélérée durant 4 jours avant d’aller sur le front combattre les membres du M23.
Le groupe armé poursuit sa progression et s’approche de Bukavu. Alors face à cette avancée, certains jeunes décident d’aller plus loin dans leur opposition au M23. Parmi les nouvelles recrues, se trouvent de jeunes hommes auparavant membres de groupes d’auto-défense locaux, des anciens militaires et d’ex-chefs rebelles.
J'ai décidé d'intégrer l'armée parce que j'ai constaté que mon pays est depuis trop longtemps envahi
Cimanuka Sulemani, nouvelle recrue
Selon Kinshasa, la semaine dernière, des éléments du M23 ont enregistré une percée dans la localité de Minova. Alors l’objectif des nouvelles recrues est de combattre dans la zone aux côtés des militaires. “J'ai décidé d'intégrer l'armée parce que j'ai constaté que mon pays est depuis trop longtemps envahi et visiblement il faut que les Congolais se mettent ensemble pour combattre, pour la terre que Dieu nous a donnée. La mort existe, l'homme est né et après il va mourir. Même si je ne meurs pas dans l'armée, je mourrai un jour quoi qu’il arrive”, explique Cimanuka Sulemani.
(Re)Voir aussi : RD Congo : l'essentiel de Goma aux mains du M23
Depuis le 26 janvier et l’entrée dans Goma de combattants du M23 et de soldats rwandais selon l'ONU, les affrontements s’intensifient sur la route nationale numéro 2, tronçon Bukavu-Goma près de Minova. Dans les rangs des nouvelles recrues, la question de ne pas voir s’étendre le conflit revient sans cesse. “Je suis ici au centre de formation parce que j'ai mal pour mon pays de voir que les Rwandais blaguent avec nous soit disant qu'on est des idiots, alors par ma propre volonté, je décide d'intégrer les patriotes pour combattre ces ennemis, je n'ai pas peur de mourir, la mort c'est normal”, affirme Zihindula Gabona Bertin.
J'ai de l'amertume de voir que les Rwandais envahissent mon pays, la RDC, ils tuent nos compatriotes et font couler beaucoup de sang.
Mopero Mihigi Jean de Dieu, nouvelle recrue
Ces combats ont aussi provoqué les déplacements massifs de milliers de déplacés qui ont trouvé refuge dans des villages non encore occupés par le M23. Alors pour les nouvelles recrues, pas question de laisser les conflits s'étendre au-delà de la province du Sud-Kivu. “J'ai de l'amertume de voir que les Rwandais envahissent mon pays, la RDC, ils tuent nos compatriotes et font couler beaucoup de sang en RDC. C’est pour cela que je décide de prendre les armes pour combattre. J'appelle les jeunes congolais à se mobiliser pour barrer la route à l'ennemi, qu'il disparaisse pour qu'on ait la paix dans notre pays”, souligne Mopero Mihigi Jean de Dieu.
Le ministre provincial de l'Intérieur, Murhula Albert Kahasha, présent pour l'occasion, assure que les nouvelles recrues recevront "une formation idéologique d'urgence", sans plus de précisions.
"Ils seront rassemblés par groupes de cinq ou six sous l'encadrement d'un inspecteur et rejoindront dans moins de quatre jours le front dans le territoire de Kalehe", au nord de Bukavu, assure-t-il.
La centaine de jeunes hommes enrôlés ce jour-là pourraient rejoindre dès le début de la semaine suivante le front.