Le journaliste Stanis Bujakera a révélé des images choquantes de la prison de Makala, à Kinshasa, en République démocratique du Congo. Pendant six mois, il a été incarcéré dans la plus célèbre prison du pays.
Des détenus entassés les uns sur les autres à même le sol dans les couloirs, les toilettes ou les douches… Des images choc de la prison de Makala à Kinshasa (République Démocratique du Congo) ont été publiées, le 19 juillet, par le journaliste Stanis Bujakera. Il y était incarcéré depuis six mois. « Même dans l’enfer, un journaliste doit continuer à faire son travail », a affirmé Stanis Bujakera, invité au Journal Afrique de TV5Monde.
Dans la prison, tous les détenus n’ont pas de lit. L’air et la lumière peinent à pénétrer les lieux. Dans les vidéos révélées par le journaliste, on aperçoit un jeune garçon prisonnier blessé. Sa jambe est déchiquetée et il n’a visiblement pas reçu de soins. Stanis Bujakera alerte sur la surpopulation de la prison qui a pour conséquences la propagation de diverses maladies, la difficulté d'accès aux soins, mais aussi le service de « maigres repas de mauvaise qualité servis une seule fois par jour ».
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À l’intérieur de la prison, les détenus ne sont pas traités selon leur jugement mais selon ce qu’ils sont capables de payer. Stanis Bujakera a déboursé 3 000 dollars pour bénéficier de meilleures conditions de vie au sein de l’établissement. Dans ce pavillon VIP, une centaine de prisonniers ont accès à quatre toilettes, contre une toilette pour plusieurs centaines de détenus en moyenne, explique le journaliste. Payer cette somme permet aussi d’avoir un endroit où dormir.
Le seul centre pénitentiaire de la capitale été construit en 1957 pour accueillir 1 500 prisonniers. Ils seraient dix fois plus nombreux aujourd’hui, bien que la capacité n’ait pas évolué. La majorité des détenus ne sont pas condamnés, mais seulement en détention préventive. Beaucoup attendent toujours leur jugement.
En 2023, la Fondation Clinton pour la Paix dénonce la surpopulation carcérale de Makala. Elle définit la prison comme « un mouroir pour les détenus ».
Le ministre congolais de la Justice, Contant Matumba, a réagi à la diffusion des images de Stanis Bujakera sur X. Il affirme qu’elles sont « de très vieilles images » et assure que des mesures pour désengorger les prisons du pays ont été prises.
L’année dernière, le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, déclarait que la réforme de la justice était l’un de ses dossiers prioritaires : « J’ai besoin d’une justice qui est correcte, qui est efficace. »
« Les prisonniers ont des droits. »Stanis Bujakera
« Les prisonniers ont des droits, déclare le journaliste ancien détenu. Ils ont le droit à la vie, celui d’être devant un juge, ils ont le droit aux soins, le droit de pouvoir se nourrir… et ce sont précisément ces droits qui sont bafoués en prison, les images l’attestent bien. »
Stanis Bujakera a documenté les conditions de vie inhumaines pendant les six mois de sa détention. Il était accusé, entre autres, d'avoir produit un « faux rapport » qui incriminait les renseignements militaires dans la mort de Chérubin Okende, un opposant retrouvé mort en juillet dernier. Reporters sans frontières (RSF) a estimé que cette affaire était « un dossier (...) monté de toutes pièces » contre Stanis Bujakera a dénoncé « l'acharnement ignoble des autorités ».