L'enquête sur l'assassinat du député Chérubin Okende est au coeur de l'attention en République démocratique du Congo depuis la découverte du corps criblé de l'opposant congolais dans son véhicule à Kinshasa le 13 juillet. Le gouvernement congolais se dit ouvert à toute "expertise" extérieure, notamment belge et sud-africaine.
Depuis l'assassinat du député et ex-ministre des Transports Chérubin Okende, dont le corps a été retrouvé dans sa voiture criblé de balles le 13 juillet à Kinshasa, l'émotion reste forte. Une enquête préliminaire a immédiatement été ouverte à la police nationale selon les autorités. Un premier suspect a été arrêté en la personne du garde du corps de l'opposant, puis le chauffeur d'Okende a été appréhendé à son tour, tous les deux sont auditionnés au parquet de grande instance de Kinshasa-Gombe.
A l'issue d'une réunion de crise sur la sécurité ce même jour, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement a annoncé "une commission d'enquête plus large qui impliquera tous les services. [...]Nous allons associer à cette enquête les services étrangers des pays amis pour qu'en toute transparence et très rapidement nous puissions faire la lumière sur ce crime odieux", a déclaré Patrick Muyaya.
Durant le Conseil des ministres de vendredi 14 juillet, le président Félix Tshisekedi a fait observer une minute de silence et condamné "le crime odieux qui a ôté la vie" à Chérubin Okende.
"J'appelle (...) la justice, dans son impartialité et son indépendance, à faire toute la lumière sur cette ignoble affaire", a déclaré le chef de l'Etat, selon le compte rendu du Conseil lu par le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya.
Le gouvernement de la République démocratique du Congo se dit, lui, ouvert à toute "expertise" extérieure dans l'enquête sur l'assassinat du député et porte-parole du parti d'opposition Ensemble pour la République de Moïse Katumbi. Un meurtre qui a ajouté à la tension politique à quelques mois des élections.
Selon le texte du gouvernement congolais, "la ministre de la Justice a été chargée de prendre contact avec les autorités belges, dont le Premier ministre a dit au président de la République la disponibilité de son pays à s'associer à l'enquête diligentée". Des "experts sud-africains pourront aussi être associés", ajoute le texte.
"Le gouvernement demeure ouvert à toute expertise, aussi bien nationale qu'internationale, qui permettra de faire toute la lumière" sur la mort de M. Okende, souligne le compte rendu.
Mais selon Olivier Kamitatu, le directeur de cabinet de Moïse Katumbi, son parti Ensemble pour la République ne veut pas que se soient des enquêteurs choisis par le gouvernement. "Nous en appelons à la Monusco" (la mission de l'ONU en RDC), aux Etats-Unis, à l'Union européenne, à tous les partenaires qui disposent d'une expertise technologique, humaine, matérielle, pour identifier comment se sont déroulées les dernières heures de la vie de Chérubin", a-t-il ajouté, dans une vidéo diffusée notamment par son parti.
Nombreux sont ceux qui appellent à une enquête indépendante, à l'instar du Nobel de la Paix le gynécologue Denis Mukwege. Interrogée par RFI, la Nouvelle société civile congolaise (NSCC) demande, elle, à être associée à la commission d’enquête pour ne pas commettre les mêmes erreurs que dans le passé, en référence au cas de Floribert Chebeya, militant des droits de l’homme et fondateur de la Voix des sans voix assassiné en juin 2010 dans des conditions similaires.
Pour sa part, l'Association congolaise pour l'accès à la justice(Acaj) exige elle une "enquête crédible et exhaustive pour identifier les commanditaires et les auteurs". En parallèle, cette organisation de la société civile a décidé de lancer "une enquête citoyenne sur les lacune constatées dans la réaction des services de sécurité" depuis la disparition de Chérubin Okende jusqu'à la découverte de son corps le lendemain.
Chérubin Okende, 61 ans, avait démissionné de son poste de ministre des Transports en décembre dernier, en même temps que deux autres ministres proches de l'opposant Moïse Katumbi. Celui-ci venait alors d'annoncer sa candidature à la présidentielle de décembre prochain et le retrait de son parti, "Ensemble pour la République", de la coalition au pouvoir.