Les secouristes déployés au Maroc intensifient leurs efforts pour venir en aide aux villages de montagne dévastés par le violent séisme. Les espoirs de retrouver des survivants s'amenuisent cinq jours après la catastrophe. Le roi s'est rendu auprès des blessés à Marrakech le 12 septembre.
Le tremblement de terre, qui a frappé vendredi soir une région au sud-ouest de la ville touristique de Marrakech (centre), a fait 2.901 morts et 5.530 blessés, selon un dernier bilan.
Face à l'ampleur de la catastrophe, les autorités marocaines ont sollicité plusieurs pays étrangers comme l'Espagne, la Grande-Bretagne, le Qatar et les Émirats arabes unis, pour envoyer des équipes de recherche et sauvetage, mais l'heure tourne.
La Croix-Rouge a lancé un appel de fonds d'environ 100 millions d'euros afin de soutenir les opérations de secours, après avoir débloqué un million de francs suisses de son Fonds d'urgence pour appuyer les activités du Croissant-Rouge marocain sur le terrain.
Le roi Mohammed VI s'est rendu le 12 septembre au centre hospitalier universitaire de Marrakech, avant de faire un don de sang, a indiqué l'agence officielle MAP.
Il "a visité le service de réanimation et celui d'hospitalisation des victimes du séisme" pour s'informer de l'état de santé des blessés ainsi que des soins qui leur sont prodigués, a ajouté l'agence.
Le séisme a dévasté de nombreuses habitations de villages situés dans des zones montagneuses, parfois très difficile d'accès, comme celui d'Ineghede.
À Amizmiz, à environ une heure au sud-ouest de Marrakech, des soldats ont distribué mardi des tentes aux habitants dont les maisons ont été détruites ou endommagées. "Je veux juste un chez-moi, un endroit digne pour un être humain", a déclaré Fatima Oumalloul, une habitante de 59 ans.
Mais dans certaines zones isolées, les habitants affirment être livrés à eux-mêmes. Au village Douzrou, situé à 80 km au sud-ouest de Marrakech et soufflé par le séisme, l'inquiétude se lit sur les visages des survivants, qui ont improvisé des abris de fortune.
Une centaine de personnes sont mortes dans cette bourgade plantée au début des chaînes montagneuses du Haut-Atlas, selon des habitants. "Il est important qu’on nous prenne en charge, on ne peut pas survivre longtemps dans la nature. Les conditions climatiques sont très rudes. On craint le pire avec l'hiver qui arrive", s'inquiète Ismaïl Oubella, 36 ans, qui a perdu trois enfants (3, 6 et 8 ans), sa femme enceinte et sa mère.
"On veut être relogés au plus vite, on a tout perdu même notre bétail. Les morts, on les a sortis nous-mêmes" des décombres, s'alarme Hossine Benhammou, 61 ans. Neuf membres de sa famille dont sa fille et deux petites-filles ont péri.
Une équipe de 20 secouristes de la United Kingdom International Search and Rescue Team (UK-ISAR) est arrivée sur place. "Les habitants ont géré la situation mais on va déployer des chiens" pour voir s'il y a des gens sous les décombres, a déclaré à l'AFP Steve Willitt, le chef d'équipe.
"On a peur des pluies qui risquent de couper la route non goudronnée menant vers notre village. On risque de mourir de faim", confie un habitant Lahcen Ouhmane, 68 ans.
Sur la route menant à Amizmiz, la solidarité des habitants est toujours visible, à voir les vans remplis de cartons et les toits chargés de matelas, ou des villageois en train de charger des camions d'aides, selon des journalistes de l'AFP. Une autre équipe de l'AFP a vu également des convois d'aide privée se rendre vers des villages reculés plus à l'ouest.
Dans la localité d'Amizmiz, des dizaines de survivants sont entassés autour d'un semi-remorque, attendant de l'aide alimentaire distribuée par des bénévoles. "Ce n'est pas le gouvernement qui aide, c'est le peuple", lance Abdelilah Tiba, 28 ans, un volontaire.
"Qu'allons-nous faire lorsque les gens cesseront de nous aider?" s'inquiète Fatima Benhamoud, 39 ans.
L'armée marocaine a installé des hôpitaux de campagne pour soigner les blessés dans les zones enclavées, comme dans le village d'Asni, dans la province sinistrée d'Al-Haouz, à un peu plus d'une heure de Marrakech.
Des équipes du ministère de l'Équipement poursuivent ce 13 septembre leurs travaux pour rouvrir des pistes menant à des petits villages montagneux dans cette province, a indiqué à l'AFP un responsable au ministère. "La route qui mène à la commune d'Ighil, épicentre du séisme, et au village d'Aghbar à proximité, sont rouvertes", a-t-il notamment précisé.
Le séisme a atteint une magnitude 7 selon le Centre marocain pour la recherche scientifique et technique (6,8 selon l'Institut de géophysique américain, USGS).Il est le plus puissant à avoir jamais été mesuré au Maroc.
Le séisme est aussi le plus meurtrier dans le royaume depuis celui qui avait détruit Agadir, sur la côte ouest, le 29 février 1960: de 12.000 à 15.000 personnes, soit un tiers de la population de la ville, y avaient péri.
Le pape François, qui s'était rendu en visite au Maroc en 2019, a déclaré lors de son audience hebdomadaire que ses pensées allaient "au noble peuple marocain". "Prions pour le Maroc, prions pour les habitants pour que le Seigneur leur donne la force pour récupérer", a-t-il dit.