Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko appelle à la vengeance après des violences menées selon lui contre ses supporteurs avant les élections législatives de dimanche. L'opposition dénonce un "appel au meurtre".
Ousmane Sonko, tête de liste du parti Pastef aux législatives et chef de gouvernement depuis avril, a fait état dans la nuit du 11 au 12 novembre sur son compte Facebook d'attaques subies par son camp à Dakar, Saint-Louis (nord) ou encore Koungueul (centre).
Capture d'écran du compte Facebook d'Ousmane Sonko.
Il les impute à des sympathisants du maire de Dakar Barthélémy Dias, qui dirige une coalition concurrente en lice pour les législatives, et a été condamné pour la mort d'une personne par balle en 2011 dans un contexte de violences politiques.
Les Sénégalais sont appelés à élire une nouvelle Assemblée après la dissolution, prononcée en septembre par le nouveau président Bassirou Diomaye Faye, du Parlement issu des élections de 2022 et encore dominé par le camp de l'ancien président Macky Sall.
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Le Pastef vise une majorité permettant au président Faye, vainqueur de la présidentielle de mars, et à Ousmane Sonko, de mettre en oeuvre leurs promesses de rupture et de transformation de l'État.
"Que chacune des agressions subie par Pastef de leur part depuis le début de la campagne, que chaque patriote qu'ils ont agressé et blessé soit proportionnellement vengé. Nous exercerons notre droit légitime à la riposte", a déclaré Sonko sur Facebook. "Barthélémy Dias et sa coalition ne doivent plus battre campagne dans ce pays", dit-il.
Au début de la campagne, "j'ai appelé les ministres de l'Intérieur et de la Justice en tant que candidat. Trois agressions, zéro arrestation. C'est la faillite de l'État", a déclaré Sonko le 11 novembre en langue locale wolof, sur une vidéo consultée par l'AFP sur une télévision locale.
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Ousmane Sonko s'exprimait à Rufisque, près de Dakar, après les incidents à Saint-Louis. Il a accusé des opposants d'avoir "violemment attaqué et blessé" ses partisans dans cette ville avec des "couteaux, sabres et grenades lacrymogènes".
J'interpelle une fois de plus l'État du Sénégal. Un État ne doit pas être faible. J'ai plusieurs fois interpellé monsieur le président de la République. Si l'État ne règle pas ce problème, nous allons le faire nous-même et nous avons les moyens de le faire. Ousmane Sonko, Premier ministre du Sénégal
Dans un communiqué ce 12 novembre, le gouverneur de Saint-Louis a constaté que des "incidents avaient entraîné des blessés par armes blanches et des vols à l'arraché, motivant l'ouverture d'une enquête de police". Il a aussi assuré que la police avait procédé à l'interpellation de 81 individus soupçonnés d'avoir pris part aux incidents.
Dans l'après-midi, un rassemblement de militants du Pastef s'est tenu à Dakar sous la surveillance étroite des forces de sécurité qui empêchait le passage à une issue menant au quartier du domicile du maire de Dakar, a constaté un journaliste de l'AFP.
La coalition de Barthélémy Dias, Samm Sa Kaddu, a dénoncé dans un message publié sur les réseaux sociaux un "appel au meurtre assumé par l'actuel Premier ministre sénégalais". Elle dit avoir été elle-même visée par de "multiples attaques". "Ousmane Sonko, dévoré par la peur de la défaite, tente désespérément de museler la démocratie en tentant d'instaurer un climat de terreur", ajoute-t-elle.
La coalition Samm Sa Kaddu tient Ousmane Sonko pour responsable de tout ce qui pourrait arriver à ses membres, ses militants, ses sympathisants et ses électeurs.Samm Sa Kaddu
Des violences ont marqué la campagne, ouverte le 27 octobre pour une durée de 21 jours.
Des heurts ont eu lieu le 30 octobre à Koungueul entre des partisans de l'opposition et du pouvoir, alors que le convoi de M. Sonko battait campagne. Le président Faye avait appelé le 25 octobre tous les acteurs des élections à "éviter les dérives dans leurs discours et leurs actes".