Le général Mahamat Idriss Déby Itno a prêté serment, jeudi 23 mai, pour un mandat de cinq ans, renouvelable une seule fois. Le chef de la transition depuis trois ans a été élu président dans un scrutin boycotté par une partie de l'opposition.
L’élection de Mahamat Idriss Déby Itno à la présidentielle du 6 mai, avec officiellement 61% des suffrages, met fin à une période de transition. Au début de celle-ci, il a été propulsé, le 20 avril 2021, à la tête de l'Etat par des militaires, à la mort de son père Idriss Déby Itno.
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Le maréchal venait d'être tué par des rebelles en se rendant au front, après avoir dirigé le Tchad d'une main de fer pendant plus de 30 ans.
"Nous, Mahamat Idriss Déby Itno [...], jurons devant le peuple tchadien et sur l'honneur [...] de remplir les hautes fonctions que la Nation nous a confiées", a-t-il juré, vêtu de son traditionnel boubou blanc, devant les membres du Conseil constitutionnel et des centaines d'invités au Palais des Arts et de la Culture de N'Djamena.
Après avoir vanté dans un discours le "retour à l'ordre constitutionnel", il a promis d'être "le président des Tchadiens de tous horizons et de toutes sensibilités."
Le général de 40 ans a été élu à l’issue d’un scrutin jugé peu "crédible" par des organisations non gouvernementales (ONG) internationales. Il marque la fin d'une transition marquée par une répression féroce, parfois dans le sang, d'une opposition qui appelle à mettre fin à 34 années de "dynastie Déby."
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L'ex-opposant, Succès Masra, que Mahamat Idriss Déby a nommé Premier ministre il y a quatre mois, a cru, ou prétendu croire, faire illusion avec une candidature rivale qualifiée par l'opposition de "vernis démocratique" dans un "scrutin joué d'avance."
Il n'a recueilli que 18,54% des suffrages officiellement, mais a revendiqué la victoire. Ce, avant de jouer l'apaisement en appelant ses partisans à "poursuivre le combat politique [...] pacifiquement." Succès Masra a présenté sa démission, mercredi 22 mai, et ne s’est pas présenté à l'investiture.
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La cérémonie a aussi été l'occasion, en jaugeant le nombre de dirigeants présents, de constater si la communauté internationale soutient toujours celui qu'elle a adoubé sans barguigner en 2021. Moment où elle vilipendait et sanctionnait partout ailleurs en Afrique les militaires putschistes. En tout, huit chefs d' État, tous africains, ont fait le déplacement à N'Djamena. Quelques autres ont dépêché des ministres, le reste leurs ambassadeurs.
Le président français, Emmanuel Macron, l'un des rares dirigeants occidentaux à avoir publiquement "félicité" son homologue tchadien, a dépêché à l'investiture son ministre délégué chargé notamment du Commerce extérieur et de la Francophonie, Franck Riester.
Le Tchad, pays parmi les plus pauvres du monde, est considéré comme le pilier régional de la guerre contre les djihadistes au Sahel. Paris y stationne un millier de militaires, ailleurs expulsés du Mali, du Burkina Faso et du Niger au bénéfice de la Russie et ses paramilitaires ou mercenaires.
Le président russe, Vladimir Poutine, a été l'un des tout premiers chefs d' État à féliciter Mahamat Idriss Déby pour son élection.
Au diapason de l'opposition qui a appelé à la boycotter, des ONG internationales, à l'image de la Fédération internationale des droits humains (FIDH), ont fustigé une élection "ni crédible, ni libre, ni démocratique", "dans un contexte délétère marqué par [...] la multiplication des violations des droits humains."Depuis trois ans, le pouvoir militaire a fait réprimer violemment toute opposition et a écarté du scrutin les rivaux les plus dangereux du général.
Le 20 octobre 2022, au moins 300 jeunes qui manifestaient contre le maintien de la junte ont été tués par balles par les militaires et policiers, selon les ONG nationales et internationales. Une cinquantaine, a reconnu le pouvoir. Et plus d'un millier déportés un mois dans un sinistre bagne en plein milieu du désert, dont certains ont été "exécutés" en chemin ou torturés, selon les mêmes ONG et l'opposition.
Deux mois avant l'élection, Yaya Dillo, cousin de Mahamat Idriss Déby et son plus farouche rival pour la présidentielle, a été tué par des militaires dans l'assaut du siège de son parti. "Assassiné" d'une "balle à bout portant dans la tête", selon son parti. Des pays occidentaux et des ONG réclament, en vain, une enquête indépendante.
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