
Un groupe de députés de Tunisie a exigé vendredi 3 novembre de voter en faveur d'une loi, inédite pour la région, punissant de lourdes peines de prison toute normalisation avec Israël. Le président Kaïs Saïed. s'est dissocié par surprise de ce texte.
Les débats autour du texte qui considère comme un "crime de haute trahison" tout lien avec Israël, au niveau des institutions, des entreprises et des particuliers, ont démarré jeudi 2 novembre au Parlement.
Le président du Parlement Brahim Bouderbala qui, à l'ouverture des travaux, avait parlé d'une "parfaite harmonie entre le Parlement, le président et l'opinion publique" sur cette question, a ajourné la séance sans vote jeudi 2 novembre.
Il a pris cette décision après avoir été "informé par le président Kaïs Saïed que le projet de loi incriminant la normalisation avec l'entité sioniste porterait atteinte à la sécurité de la Tunisie".
La Tunisie, qui a accueilli l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) à l'époque de Yasser Arafat de 1982 à 1994, soutient fermement la cause palestinienne. Le président Kaïs Saïed a affirmé ces dernières semaines que la normalisation représentait une "haute trahison".
Vendredi 3 novembre, l'Assemblée n'a pas repris ses travaux, mais des députés, dont Abderrazek Aouidet, membre du groupe de partisans de Kaïs Saïed ayant élaboré le texte, a insisté pour qu'elle soit votée.
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"Nous sommes déterminés à faire passer cette loi", a déclaré Abderrazek Aouidet, affirmant qu'elle "ne va aucunement à l'encontre des intérêts déclarés de la Tunisie et n'affecte absolument pas la bonne marche des institutions de l’État".
Mercredi 1er novembre, le chef de la diplomatie Nabil Ammar avait appelé "à étudier les répercussions" du texte et à prendre "du temps" pour l'examiner, jugeant impossible de le "promulguer en deux jours".
La loi prévoit des peines de 6 à 12 ans de prison pour toute "communication, contact, propagande, conclusion de contrats ou coopération, directement ou indirectement, par des personnes physiques ou morales de nationalité tunisienne avec toutes les personnes physiques et morales, affiliées à l'entité sioniste".
Toute interaction est interdite aussi aux Tunisiens avec "les individus, les institutions, les organisations, les entités gouvernementales ou non gouvernementales" liés à Israël.
La communauté juive tunisienne compte un millier de personnes, dont une majorité vivent sur l'île de Djerba (sud) où est organisé tous les ans en mai un pèlerinage à la synagogue de la Ghriba qui attire des milliers de personnes. Les juifs étaient 120 000 dans le pays en 1956, date de l'indépendance du pays.